Le Gratuit 3344

legratuit.nc I 53 Houaïlou Gracienne Koéa, peintre entre deux mondes D'aussi loin qu’elle se souvienne, Gracienne Koéa a toujours dessiné. À même la terre de sa Brousse natale, avec des « morceaux de nature ». Ce n’est qu’à l’âge de dix ans qu’elle commence à dessiner sur du papier. Les années 1980 l’inspirent : Bob Marley, Madonna, Michael Jackson, les Chevaliers du Zodiaque, mais aussi la guerre intestine qui ravage le pays. Son art, c’est avant tout un don d’ellemême. Elle doit ressentir l’œuvre avec ses tripes. Celle-ci doit refléter son âme et toucher le spectateur : « Je suis une artistemessagère. Je peins pour parler aux gens, leur donner des clés. Il y a toujours une morale ». Elle dessine surtout des portraits et des œuvres liées au monde du totem. Armée de cet héritage, elle décore une chambre d’hôtel du Gondwana. Sélectionnée parmi des dizaines de candidats, elle matérialise son totem, celui transmis par sa mère : le gecko. En seulement 48 heures, l’idée germe dans son esprit. Elle visualise le lézard, elle en dessine les contours, les détails. La toile s’accompagne d’une légende écrite de sa main. Le gecko accompagne et protège, il est le gardien des rêves, des espoirs… « Une jeune cliente m’a confié que son vœu fait au totem avant de s’endormir s’était réalisé. Elle est devenue cheffe d’une entreprise de textile prospère », raconte l’artiste. À travers son travail, Gracienne transmet la tolérance, la paix. Elle touche à tout et aime revisiter les grands classiques. C’est ainsi qu’en 1995, après les Évènements, elle peint « La Paix guidant le peuple ». Largement inspiré de « La Liberté guidant le peuple », le tableau est un hymne à la tolérance. Il dénonce les discriminations : Gavroche changé en travesti, actes racistes figurés. « Avec l’art, on bascule toujours entre deux mondes. C’est une passerelle entre les cultures, les gens », précise la jeune femme qui a autant besoin de se ressourcer à la tribu que de s’ouvrir à l’inconnu. Couteau suisse Véritable couteau suisse, l’artiste est surprenante. Avec humilité et respect, elle transmet ce qu’elle a appris pendant ses études à l’Ecole d’art de Nouméa, fermée depuis 2004. Une formation de cinq ans en Métropole a suivi. Obligée de recommencer le cursus, elle ne se décourage pas. Elle apprend diverses techniques comme Je suis une artiste-messagère. Je peins pour parler aux gens, leur donner des clés portrait Portrait

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