Le Gratuit 3324

Page 2 - Cote Brousse -N l10 - Du 20 oct. au 2 nov. 2022 GROS PLAN La Nouvelle-Calédonie doit renouer avec l’attractivité Quels sont les métiers dans lesquels l’on peine à recruter en Calédonie ? Énormément de secteurs sont touchés. On parle des métiers techniques, c’est un peu historique car nous avons un territoire qui est très industrialisé, qui connaît traditionnellement GHV GLIÀFXOWpV FRQFHUQDQW OHV techniciens de maintenance. Mais nous avons aussi des GLIÀFXOWpV SRXU GHV HPSORLV qui sont liés à de nouveaux enjeux. Je pense à la transition énergétique et le digital. Ce sont des métiers en tension. 1RXV DYRQV HQÀQ GH QRXYHOOHV tensions sur des professions plus classiques comme celles dans les services RH, des contrôleurs GH JHVWLRQ« $X ÀQDO TXDVLPHQW tous les secteurs ont des besoins. Nous échangeons régulièrement avec les banques qui recrutent déjà beaucoup de diplômés de nos écoles et qui pourtant nous DVVXUHQW DYRLU GHV GLIÀFXOWpV j combler leurs effectifs. Le chiffre régulièrement évoqué est celui de 10 % des emplois dans les banques qui restent vacants. Et cela dans tous les domaines, qu’il s’agisse du marketing, de chargés de clientèles, d’informatique… Comment expliquer ces difficultés ? Au niveau des ressources humaines, c’est cyclique. Nous avons eu des besoins par le passé qui ont été comblés. Puis ils sont réapparus en 2018 et en 2019. Le problème de la Nouvelle-Calédonie est celui de la masse critique. Nous ne sommes que 270 000 habitants et du coup, si nous formons trop de personnes, nous allons saturer le marché et potentiellement envoyer vers le chômage certains jeunes. Parfois, nous avons besoin de SHUVRQQHV HW F·HVW VXIÀVDQW ,O faut donc bien calibrer et avoir l’agilité d’ouvrir et de fermer des cursus de formation. Ce que j’ai présenté est un problème conjoncturel lié à certains secteurs, mais il faut y ajouter à présent un véritable GpÀFLW G·DWWUDFWLYLWp /H FKLIIUH de 18 000 personnes qui ont quitté le territoire en est la PHLOOHXUH LOOXVWUDWLRQ /D &&, HVW en train de réaliser une enquête pour déterminer les causes de ces départs. Nous avons un faisceau de causes mais nous devons maintenant savoir laquelle est déterminante. Nous avons sans doute plusieurs effets qui se cumulent mais s’il y a un élément, un point précis, il faut O·LGHQWLÀHU Nous savons que 2014 est la ÀQ GX ERRP pFRQRPLTXH GH la Nouvelle-Calédonie et que c’est également l’année d’entrée GDQV OD ÀQ GX SURFHVVXV de l’accord de Nouméa. L’année 2018, c’est le premier référendum. 2020, le monde FRQQDvW OD FULVH &RYLG ,FL cette période a permis à la population d’être un espace atypique sur la planète, avec une enclave Covid free. Mais elle a également enfermé dans une cage dorée des gens qui ont l’habitude de se déplacer à l’extérieur. Nous savons que, notamment dans les professions de santé, certains ont beaucoup souffert de ne pas avoir pu maintenir ce lien. Dès que la cage s’est ouverte, nous avons eu une « fuite de cerveaux ». Tout cela est à présent derrière nous. Comment renouer avec l’attractivité ? 2Q SHXW \ UpÁpFKLU HQ LGHQWLÀDQW WURLV FLEOHV 7RXW d’abord, l’attractivité vis-à-vis des investisseurs, car nous avons besoin de gens qui développent et améliorent l’équipement industriel et commercial de la NouvelleCalédonie, qu’ils soient déjà présents ou qu’ils viennent GH O·H[WpULHXU ,O IDXW HQVXLWH de l’attractivité vis-à-vis des travailleurs. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de Calédoniens qui sont formés et qui répondraient au besoin du territoire. Mais ils ne reviennent pas. Si ceux qui ont un lien avec le pays ne rentrent pas, LPDJLQH] OD GLIÀFXOWp SRXU attirer des diplômés à l’autre bout du monde… La troisième attractivité, c’est celle vis-à-vis des FRQVRPPDWHXUV ,O QH V·DJLW pas uniquement des personnes qui vivent ici. On doit penser à l’export, puis aux différents types tourisme. Croisière, séjour, tourisme médical… Le diagnostic est posé. Les remèdes connus. Quels sont les freins ? Aujourd’hui, les trois référendums sont passés mais on ne peut pas dire qu’on ait beaucoup de visibilité sur l’avenir. Certaines entreprises réinvestissent peut-être, mais sans perspectives c’est compliqué. Autre frein, nous avons un contexte mondial qui HVW GLIÀFLOH SRXU OHV HQWUHSULVHV locales qui sont entrées dans une spirale négative. Elles se sont endettées pendant la crise Covid. Si elles ont été sauvées par les aides, elles doivent en rembourser une certaine partie. C’était assez logique de prévoir un remboursement à la reprise de l’activité économique qui devait coïncider avec la sortie de la crise sanitaire. Sauf que la Calédonie n’a pas retrouvé l’activité économique… On est bien sûr sorti de la crise sanitaire mais cela s’est accompagné d’un renchérissement du coût des matières premières, de GLIÀFXOWpV G·DSSURYLVLRQQHPHQW et de l’augmentation des taux GLUHFWHXUV 7RXW SpQDOLVH OD reprise de l’activité. Pourquoi la Calédonie est-elle plus pénalisée que d’autres territoires ? Du fait de notre situation géographique isolée. Nous VXELVVRQV XQH LQÁDWLRQ LPSRUWpH Dans les autres pays, lorsqu’il \ D XQH LQÁDWLRQ F·HVW TX·LO \ a une surchauffe économique. 1RXV QRXV QH EpQpÀFLRQV SDV de cette surchauffe. Nous avons juste les inconvénients de cette LQÁDWLRQ La consommation semble pourtant tenir au deuxième trimestre, d’après la note de conjoncture économique du 2e trimestre produite pas l’IEOM… Nous avons du mal à comprendre. Nous avons, j OD &&, GHV UHVVHQWLV subjectifs. Nous attendons des EDQTXHV GH O·,(20 HW GH OD 'LUHFWLRQ GHV VHUYLFHV ÀVFDX[ des éléments qui permettent G·REMHFWLYHU FH UHVVHQWL ,O IDXW YRLU O·LPSDFW GH O·LQÁDWLRQ VXU cette consommation. Nous DYRQV DXMRXUG·KXL XQH LQÁDWLRQ de 4 %. Si la consommation se maintient, cela veut dire au ÀQDO TXH OHV &DOpGRQLHQV RQW acheté 4 % de biens en moins. L’entreprise, elle, potentiellement, n’a pas répercuté l’intégralité GH O·LQÁDWLRQ VXU VRQ SUL[ GH YHQWH /·LQÁDWLRQ PRQGLDOH est, elle, de 8 %. D’un point de vue macroéconomique, il n’y a pas de raison que l’on DLW XQH LQÁDWLRQ LQIpULHXUH avec l’augmentation des coûts d’import. Et pourtant… Cela veut dire que pour le moment quelqu’un fait l’amortisseur. Et c’est l’entreprise. À cela, il faut rajouter TX·DYHF WRXWHV FHV GLIÀFXOWpV d’approvisionnement et de hausse du coût des matières premières, les entreprises à présent sur-stockent. Cela coûte extrêmement cher. C’est de l’argent que l’on immobilise. Cela fait que le vrai problème actuellement s’est déplacé au niveau de la trésorerie. Comment inverser aujourd’hui cette tendance ? Pour réinstaller un cercle vertueux, il faut retrouver de l’attractivité. Concrètement, il va falloir donner de la YLVLELOLWp HW DYRLU XQH HIÀFLHQFH administrative et institutionnelle meilleure, travailler sur la réduction des inégalités et WUDYDLOOHU VXU OH PRGqOH ÀVFDO Jean-Frédéric Gallo Dans un contexte économique tendu, le Caillou manque de bras. Même nos jeunes Calédoniens, une fois diplômés, ne reviennent pas forcément. Explications avec Charles Roger, directeur de la CCI. &KDUOHV 5RJHU GLUHFWHXU GH OD &&, Photo Niko Vincent

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