Le Gratuit Nord 715

Quel est votre parcours artistique ? J’ai démarré avec le graphisme et le dessin. Après, je suis passé à la sculpture. J’ai touché un peu à toutes les techniques. La sculpture, j’ai arrêté car il y a beaucoup de sculpteurs et des jeunes qui montent. Je préfère ouvrir les portes et laisser passer les autres. J’aime bien créer, cogiter, imaginer. Là, je suis rentré dans la photo car j’ai eu un appareil photo d’occasion. Et après, j’ai continué à ouvrir les portes de la création . Pourquoi ne pas avoir exposé depuis dix ans ? Il faut dire que j’ai (déjà) exposé un peu partout : au centre Tjibaou, chez des privés et à la mairie de Bourail. J’ai fait des animations avec les collèges, les lycées et même en école d’art. Et puis après, j’ai été sur un dossier qui m’a pris beaucoup de temps, celui du projet de Deva, de 2004 à 2019, où j’avais fait ma première expo photo. J’ai ensuite commencé à utiliser de la peinture sur les photos. “ J ’ a ime que l e s œuv r e s SRXVVHQW ¢ OD U«ȵH[LRQ SRXU voyager et rêver sans bouger de place. ” Vous utilisez d’ailleurs beaucoup de techniques différentes… À Bernheim, c’est ma première exposition individuel le où j ’uti l ise ce que j ’appel le le “ photo-graphisme”. La photo, comme je l’explique, c’est la lumière. L’appareil photo, c’est l’outil qui permet d’attraper l a l umi è r e . E t à t r ave r s cette photo, j’ai utilisé de la peinture acrylique pour faire du graphisme qui sont des traits. Ces traits sont la base de l’écriture. On dit souvent que chaque mouvement est un langage. C’est à travers le graphisme qu’on a commencé à f a i re des l e t t res pour s’exprimer. C’est la base de l’écriture. Pou v e z - v ou s nou s donner des clés pour comprendre vosœuvres, sans leur retirer leur mystère ? Le mystère, c’est la magie des choses ! C’est partir à l’aventure et c’est ce qui anime l’espoir. J’aime que les œuvres poussent ¢ OD U«ȵH[LRQ SRXU YR\DJHU HW rêver sans bouger de place. C’est ton imagination qui va te donner des images et des émotions. Et elles te donneront des pensées et de la poésie. Si on n’a plus d’émotions, on devient une machine. C’est la problématique du modernisme qui fait qu’on est dépendant des machines. I l y a deux choses importantes pour l ’homme : les souvenirs et l’espoir. Au milieu des deux, c’est le présent. C’est important de bien comprendre le temps. Quand je pars faire les photos, MH SDUV W¶W GªV bKHXUHV VXU des lieux que j’avais repérés pour voir de beaux levers de soleil et une lumière avec de EHDX[ UHȵHWV ΖO IDXW \ ¬WUH FDU quand la lumière arrive, elle est douce et le vent n’est pas encore réveillé. C’est toute la technique qui va avec l’image. Il faut la patience et la passion pour avoir de belles photos. Tu cherches à attraper des instants en images pour arriver à des clichés uniques. Il faut être là à l’instant propice car tout est toujours en mouvement. La nature n’est pas statique. La nature, tout comme la spiritualité kanak, est omniprésente dans l’exposition… Je sui s t rès engagé dans l’environnement. Je fais partie d’un groupe qui s’appel le les Gardiens de la TerreMère Nature qui rassemble des autochtones des cinq continents. Je suis allé au Brésil, au Chili et en Guyane pour participer à la défense de la nature. Chaque environnement a sa phi losophie. Là où tu vis, tu as tes règles et ta manière de faire. Quand tu changes d’environnement, tu peux changer de manière de faire et de penser. C’est l ’ env i ronnement qu i fa i t l’homme. Mais aujourd’hui, l ’ h o m m e v e u t f a i r e l’environnement. Il faut en être conscient. La conscience peut te donner l’espérance et l’éveil. Tu vas voir qu’il y a des lutins, des gardiens qui font partie de la tradition. Il y a des clans qui peuvent les appeler s’ils ont le même totem. Chaque espèce de notre biodiversité, ici, est un nom porté par un clan. Ce qui est important, c’est ce respect envers cette biodiversité, avec le souci du lendemain, pour SRXYRLU E«Q«ȴFLHU GHV FKRVHV que la nature nous donne gratuitement. Je dis souvent TXȇLO \ D XQH GL΍«UHQFH HQWUH regarder et voir. C’est pour cela qu’à travers les photos, on va apercevoir plein de choses, il faut être posé devant. Il y a plein de détails et de visages dans les œuvres de l’exposition, i ls sont une réponse à la question : est-ce que c’est la Terre qui appartient à l’homme ou l’homme qui appartient à la Terre ? L’art, c’est une manière GH VȇLGHQWLȴHU HW GH VH G«FDOHU Savoir + Vernissage de l’exposition, le MHXGL bDYULO ¢ OD ELEOLRWKªTXH Bernheim de Poindimié (à 17h30). Ses œuvres y resteront MXVTXȇDX bPDL GDQV OD VDOOH de lecture. Avec « D’âme Mature », Ito Waïa signe son retour après dix ans sans exposer, à la bibliothèque de .RQ« MXVTXȆDX bDYULO HW GX bDYULO DX bPDL ¢ Poindimié. Ses œuvres, empreintes de délicatesse, témoignent avec poésie de son engagement en faveur de l’environnement. ITO WAÏA, ARTISTE, EXPOSE à Koné ainsi qu’à Poindimié ZOOM Graphisme, peinture acrylique et jeu de miroirs caractérisent le travail d’Ito Waïa. Ici, lors de la présentation de son exposition “D’âme Mature” à la bibliothèque Bernheim, à Koné. Cécile Thomas Photo Gilbert Gorohouna Page 6 - Le Gratuit Nord - Nl715 - Du 22 au 28 avril 2022

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