Le Gratuit Nord 702

Les dugongs ne sont que quelques centaines (700 à 800 selon les spécialistes) dans les eaux calédoniennes et pourtant, ils constituent l’une des plus importantes populations restantes de la planète. Signe des nombreuses menaces qui pèsent sur ce mammifère marin. Au point que cet animal emblématique a déjà été rayé de la carte de plusieurs régions du monde comme les Maldives ou l ’ île Maurice. Pour éviter que les dugongs calédoniens ne subissent le P¬PH VRUW OHV VFLHQWLȴTXHV s’intéressent de près à cette espèce. C’est pourquoi, une vaste étude a été menée enWUHb HWb SRXU PLHX[ connaître leurs déplacements. Des balises GPS ont ainsi été posées sur seize vaches marines capturées du nord au sud, le long de la côte Ouest. mb/H EXW «WDLW GȇXWLOLVHU WRXWHV ces données pour savoir quel est leur comportement et leur habitat. Et ce, pour ensuite proposer des mesures efficaces de gestion et de préserYDWLRQ GH OȇHVSªFHb} U«VXPH Claire Garrigue, chercheuse à l’IRD (Institut de recherche pour le développement) . Et s’il est déjà de notoriété publique que les dugongs vivent et se nourr issent essentiel lement dans les zones d’herbier, les résultats de cette étude, qui viennent de tomber, réservent quelques surprises. Ainsi, en fonction de la zone du lagon où elles vivent, les vaches marines adoptent des comportements différents. Eviter les col l isions e t l e b r a c o n n a g e C’est en particulier le cas dans la partie Sud où les dugongs préfèrent évoluer dans les profondeurs avant de rejoindre, la nuit (ou parfois à marée haute), les eaux moins profondes plus proches du littoral et des îlots. Un comportement étonnant qui ressemble, selon les chercheurs, à une stratégie d’évitement des hommes, particulièrement nombreux dans ce secteur durant la MRXUQ«H mb On pense qu’ils veulent éviter au maximum les interactions avec les activités humaines qui constituent pour eux une réelle menace, notamment à travers le risque de collision ou encore de braconnage qui existe toujoursb} explique Claire Guarrigue. /ȇ«WXGH D SDU DLOOHXUV U«Y«O« qu’au nord, là où le lagon est plus étroit, les dugongs ont adopté un comportement «bRULJLQDOb } SXLVTXȇLOV QȇK«VLtent pas à prendre le large, en sortant à l’extérieur du récif barrière où ils peuvent rester toute la journée. Et ce, alors que cette zone n’abrite pas les herbiers pourtant indisSHQVDEOHV ¢ OHXU VXUYLH mb Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’y vont pas pour se nourrir, FRQȴUPH la chercheuse à l’IRD. Ils ont plutôt l’air d’y être en attente. Dans certaines régions où le lagon est très étroit, entre la côte et le récif barrière, en particulier à marée basse, cette stratégie leur permet peut-être de se retrouver moins coincés lorsqu’ils sont prédatés par les requins. Une autre raison, c’est aussi que l’hiver, l’eau est plus chaude à l ’extérieur du lagon, en GHKRUV GX U«FLI EDUULªUH b} Si les vaches marines sont encore loin d’avoir livré tous leurs secrets, ces nouvelles connaissances sont une base intéressante pour orienter les mesures de gestion, voire les politiques publiques en matière de préservation d’une espèce particulièrement menacée. Notamment en raison de son habitat proche des activités humaines. En témoignent les échouages de cet animal répertoriés par l’IRD HW TXL QH mb sont que la parWLH «PHUJ«H GH OȇLFHEHUJb} Un tiers des dugongs retrouvés morts depuis les années RQW «W« WX«V ¢ FDXVH GH l’homme. Parmi ces échouages dits anthropiques, un quart serait lié à des collisions avec des bateaux et plus des deux tiers seraient dues à des captures illégales, comprenez à des actes de braconnage. Or pour rappel, les vaches marines sont protégées depuis HQ 1RXYHOOH &DO«GRQLH /HXU FKDVVH HVW LQWHUGLWH HQ province Sud et n’est autorisée que sur dérogation pour des fêtes coutumières dans le Nord. Sauf qu’au vu du déclin alarmant de sa population, aucune autorisation QȇD «W« DFFRUG«H GHSXLV /D G«WHQWLRQ HW OD FRQVRPPDtion de cette espèce sont d’ailleurs passibles d’une peine de prison et d’une amende de plus d’un million de francs. «b2Q QH SRXUUD SDV PHWWUH un gendarme derrière chaque dugong, mais les sanctions doivent être fortes, insiste Claire Garrigue. Après l’Australie et le Golfe persique, la Nouvelle-Calédonie possède certainement la plus grosse population. Et cette population est en danger. Chaque dugong compte. b} /HV U«VXOWDWV GȆXQH YDVWH «WXGH PHQ«H HQWUHb HWb VXU OHV G«SODFHPHQWV GHV GXJRQJV YLHQQHQW GH WRPEHU 'DQV OH ODJRQ 6XG FHV PDPPLIªUHV PDULQV G«VHUWHQW OHV ]RQHV OHV SOXV SURFKHV GHV F¶WHV GXUDQW OD MRXUQ«H (W FH SUREDEOHPHQW SRXU «YLWHU OHXU LQWHUDFWLRQ DYHF OȆKRPPH HQ JUDQGH SDUWLH UHVSRQVDEOH GX G«FOLQ DODUPDQW GH FHWWH HVSªFH LE DUGONG a-t-il trouvé le moyen d’éviter l’homme ? ZOOM Les dugongs s’alimentent exclusivement de phanérogames, les plantes marines qui forment les herbiers. Anthony Tejero © Opération Cétacés / Françoise Marguerit Des balises GPS ont été posées sur seize dugongs. © Patrice Plichon Page 2 - Le Gratuit Nord - Nl702 - Du 21 au 27 janvier 2022

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