Sa m e d i , l o r s q u e Maria reçoi t le mai l de Sciences Po, el le hésite pendant plus de vingt minutes à l’ouvrir. “ J’avais tellement peur de lire un refus d’admission que je n’osais pas cliquer”, raconte-t-elle d’une voix qui laisse percevoir son émotion. Lorsqu’elle se décide, elle découvre avec joie sa sélection à l’Institut d’études politiques de Paris. Son rêve. “ J’ai encore du mal à réaliser, je relis souvent le message pour m’assurer que j’ai bien réussi ”. Dispositif d’excellence La jeune fille, originaire de Maré, a quitté son île voilà t roi s ans pour intégrer le lycée des Îles de Lifou. Elle rejoint le Juvénat, ce dispositif d’excellence destiné à préparer les jeunes aux grandes écoles. “ Grâce à ce programme, j’ai pu faire des stages chez des avocats de Nouméa, se souvientelle. J’ai suivi des audiences, c’était passionnant et ça m’a permis de confirmer mon envie de me tourner vers la magistrature”. Sciences Po lui apparait comme un excellent moyen de préparer le concours d’entrée à l’École nationale de la magistrature. (OOH DHFWLRQQH OH GURLW SDUFH qu’il est “l’outil par excellence pour apporter les réformes dont le pays a besoin”. Elle pense not amment à l a réduction des inégalités, la valorisation de la femme et la lutte contre les violences. “ Dans ma culture, certaines choses doivent changer, le patriarcat est encore très présent par exemple, exposet-elle. Le droit permet de réglementer certaines choses avec un regard critique”. Voyage vers l’inconnu Cet te année, i l s étaient quatorze lycéens à avoir dépos é l eu r dos s i e r à Sciences Po. Seuls trois candidats ont été retenus pour se présenter à l’examen oral . “ Je sui s passée en premier, le jury était composé de deux femmes de l’Institut ”, G«FULW OD MHXQH ȴOOH (OOH D G½ se présenter, exposer ses mot ivat ions et répondre aux questions. “ Quand je suis sortie, j ’étais encore plus stressée, je n’arrêtais pas de refaire la scène dans ma tête et de ressasser tout FH TXH MȇDXUDLV G½ GLUH”, se souvient-elle. Elle a pourtant convaincu le jury, ses deux autres camarades aussi. Les trois prendront leur envol vers Paris dès la mi-janvier, où ils suivront un stage de préparation de trois mois. “ Je suis terrorisée mais j’ai hâte, admet-elle. Paris est si chargée d’histoire. ” Et puis en Métropole, elle a son frère. S’il est “ plutôt dans le Sud”, elle se réjouit de le retrouver. Il y a aussi “ les anciens du Juvénat”, qui l’aideront à prendre ses repères à Sciences po. En attendant, Maria est déjà retournée à Lifou. Après un passage express à son ancien lycée, un au-revoir auprès de la famille de sa mère, qui l’a accueillie ces trois dernières années, elle retournera à Maré, où son père instituteur et sa mère entrepreneuse dans le secteur nautique, l ’attendent. “ Ils sont très ȴHUV ©D PH UHQG KHXUHXVH”. Bonne chance à elle, à Léane et à Lucas pour cette nouvelle aventure. La jeune fille a réussi l’oral et rejoindra l’Institut d’études politiques de Paris dès la mi-janvier. Un rêve qui se réalise. MARIA HNAIA, en route pour Sciences Po Paris ZOOM Maria Hnaia s’envolera pour Paris à la mi-janvier. Delphine Bossy © Thierry Perron Léane Fernandez, Maria Hnaia et Lucas Mataele sont reçus à Sciences po Paris. Page 2 - Le Gratuit Nord - Nl699 - Du 24 au 30 décembre 2021
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