Le Gratuit Nord 697

Comment cet épisode de l’histoire calédonienne est-il DUULY« MXVTXȇ¢ YRV RUHLOOHVb" Par hasard, en 2018. Je suis allé voir au musée du Jeu de paume à Paris une exposition de la photographe américaine Dorothy Lange. Ses photos documentaient la vie des familles japonaises installées aux Etats-Unis, internées dans des camps à la suite de l’attaque menée par les Japonais à Pearl Harbor dans OH 3DFLȴTXH HQ &RPPH MH FRQQDLV ELHQ OD &DO«GRQLH pour y avoir consacré une GL]DLQH GH ȴOPV GHSXLV WUHQWH ans, je me suis demandé ce qu’il était advenu, à l’époque, des Japonais installés sur OH &DL O ORX (Q IDLVDQW GHV recherches, j’ai découvert que ces 1 200 hommes ont été eux aussi brutalement arrêtés et envoyés dans des camps en Australie, pour la SOXSDUW VDQV UHWRXU &ȇHVW ce dest in brisé, celui de ces hommes emmenés de force, en quelques heures, dans des camions, séparés de leurs femmes et de leurs enfants, enfermés au bagne de Nouvi l le avant d’être envoyés en Australie, que j’ai voulu raconter à travers les témoignages de leurs descendants. Contrairement aux EtatsUn i s , où des fami l l es en t i è r e s de J apona i s instal lés dans le pays ont été internées, seuls les hommes l’ont été en Calédonie. Pour quel le UDLVRQb" 3DUFH TXȇHQ &DO«GRQLH L O n’y avait que des hommes, DUULY«V VHXOV ¢ OD ȴQ GX ;Ζ;e et DX G«EXW GX ;;ebVLªFOH GHSXLV le Japon pour travailler dans OHV PLQHV HW IXLU OD PLVªUH ΖOV \ DYDLHQW IDLW VRXFKH GDQV toutes les couches de la société, avaient épousé des femmes kanakes, caldoches ou asiat iques, et donné naissance à des enfants. &RQWUDLUHPHQW ¢ FH TXȇLO VȇHVW passé aux Etats-Unis, seuls ces hommes ont été arrêtés et enfermés, leurs familles, non. Une fois ces Japonais emmenés dans les camps australiens, ne restaient que ces femmes et ces enfants, à qui souvent on n’avai t même pas laissé le temps de dire au revoir au mari et SªUH HPPHQ« HQ TXHOTXHV heures. Tous les biens de ces familles mixtes – concessions PL Q L ªUHV H[S O R L W D W L RQV agricoles, commerces… – ont ensuite été vendus. Pour ceux qui sont restés, la vie est donc devenue une survie. mb D’un seul coup, chaque Japonais était devenu un espion potentiel b} P o u r q u o i c e s i n t e r - QHPHQWVb" 4XH FUDLJQDLHQW les Amér i cains de ces SRSXODWLRQVb" 4XDQG HQ OH &RQJUªV américain a demandé pardon à ses citoyens américains d’origine japonaise enfermés de force, il a expliqué cet «SLVRGH SDU mb OȇK\VW«ULH GH OD JXHUUHb} $SUªV OȇDWWDTXH japonaise de Pearl Harbor, la SDUDQR±D HVW HQ H΍HW GHYHQXH totale. D’un seul coup, chaque Japonais était devenu un espion potentiel. D’où cette entreprise d’arrestation de civi ls et d’enfermement , jusqu’aux Japonais installés sur cette petite île française du Pa c i f i que qu ’ e s t l a 1RXYHOOH &DO«GRQLH L e s C a l é d o n i e n s q u i W«PRLJQHQW GDQV YRWUH ȴOP appartiennent à la 2e, 3e voire 4e J«Q«UDWLRQ 4XȇRQW en commun ces enfants, petits-enfants voire arrièrepetits-enfants de Japonais LQWHUQ«V " &HV GHVFHQGDQWV TXL VRQW DX QRPEUH GH b VRQW WRXV héritiers d’une souffrance, d’un traumatisme familial qui a été longtemps tu. Leurs récits en témoignent. 3HWLWH ILOOH &«FLOH +LJD D YX VRQ SªUH 'HQ]R ¬WUH DUU¬W« HW VD PªUH SOHXUHU VDQV FRPSUHQGUH SRXUTXRL &KOR« GRQW OȇDUULªUH JUDQG SªUH D «W« envoyé dans l’un des deux camps de Japonais arrêtés HQ &DO«GRQLH GDQV OH 6XG GH Oȇ$XVWUDOLH HVW WUªV «PXH en évoquant le destin de cet aïeul qu’elle n’a pas connu mais dont elle veut connaître l’histoire, pour elle et pour ses enfants. Car très peu de familles ont été réunies après la libération de ces hommes… (Q H΍HW OȇLPPHQVH PDMRULW« de ces hommes, une fois l ibérés des camps, sont retournés au Japon où les Australiens les ont acheminés GȇDXWRULW« ΖOV \ RQW SDUIRLV commencé une nouvelle vie. « &HV KRPPHV VDQV OH VRX QH pouvaient même pas payer un t imbre pour envoyer une lettre. b} Pendant leur incarcération, certains, grâce à l’écrivain public mis à leur disposition dans le camp, ont pourtant pu garder un lien épistolaire avec OHXU IDPLOOH GH &DO«GRQLH 0DLV DSUªV OHXU OLE«UDWLRQ ces contacts sont devenus LPSRVVLEOHV &HV KRPPHV sans le sou, revenus dans OHXU SD\V GȇRULJLQH DSUªV quatre ans d’enfermement, ne pouvaient même pas payer un timbre pour envoyer une lettre. Alors, prendre un bi l let de bateau pour Nouméa n’était même pas envisageable. 4XHO U¶OH DLPHULH] YRXV TXH MRXH YRWUH ȴOPb" &H GRFXPHQWDLUH HVW XQH trace d’un moment particulier GH OȇKLVWRLUH GH OD &DO«GRQLH À ce titre, je vais faire en sorte de l’inscrire dans un maximum de festivals, de PDQLªUH ¢ FH TXȇLO WRXUQH HW ¢ ce que ce pan de l’histoire soit connu du plus grand nombre. Pour l’auteur du documentaire Le destin brisé des Japonais de NouvelleCalédonie, projeté mardi à Paris, l’histoire douloureuse de ces hommes installés en Calédonie avant d’être exilés de force en Australie après l’attaque japonaise de Pearl Harbour, doit absolument circuler. Rencontre. J’AIMERAIS QUE LE DESTIN DES JAPONAIS de Calédonie soit connu du plus grand nombre ZOOM Éric Beauducel connaît bien la Nouvelle-Calédonie. Il y a réalisé une GL]DLQH GH ȴOPV GHSXLV WUHQWH DQV Waldemar de Laage © DR Page 2 - Le Gratuit Nord - Nl697 - Du 10 au 16 décembre 2021

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