Le Gratuit Nord 695

D ’un côté, i l y a une espèce envahissante, l e c e r f , d o n t l a populat ion dévaste les pâturages. D’un autre, il y a plus de 50 000 personnes en situation de précarité, pour qui manger de la viande s ’avère rare. La province Sud vient de lier les deux problématiques avec l ’ opéra t i on “ Cer f solidaire ”, dont l’objectif est de proposer aux populations les plus nécessiteuses de la viande de cerf issue des chasses de régulat ion. Dix cervidés ont ainsi été chassés , préparés par Oȇ2ɝFH GH FRPPHUFLDOLVDWLRQ HW GȇHQWUHSRVDJH IULJRULȴTXH (Oce f ) e t t r ans f ormés par l e t ra i teur “ Le F in Gourmet ” à Bourail, sous f o rme d e b a r qu e t t e s avec un gratin de squash en a c c ompa gnemen t . Quelque 400 d’entre elles ont été distribuées, samedi matin à Ko We Kara, à cinq associations caritatives. Chaîne de solidarité “ Il y a longtemps que l’on souhaitait mettre en place une cha î ne so l i da i re à partir de ces chasses, mais des contraintes nous en empêchent ” , expl ique la présidente de la province Sud, Sonia Backès. Il y a d’abord XQH GLɝFXOW« O«JDOH OHV FHUIV s’établissent autant sur des propriétés privées, que des terres gouvernementales ou provinciales. Di ff ici le donc pour la province Sud d’envisager des campagnes de chasse de régulat ion p a r t o u t . E n s u i t e , un e que s t i on émi nemmen t VDQLWDLUH VH SRVH FRPPHQW garantir une transformation s an s r i s que , a v e c de s pratiques traditionnelles ? Sur ce point, la préparation d’une viande s’avère très encadrée par la loi. Il faut par exemple vider l’animal d’une certaine manière, pour le commercialiser ensuite. “ Sauf que les chasseurs ne peuvent pas suivre ce protocole eux-mêmes, ils ont d’autres méthodes, tout aussi respectables ”. Une question ORJLVWLTXH VH SRVH «JDOHPHQW c ommen t r e s pe c t e r l a chaîne du froid et quel serait alors le meilleur moyen de distribution ? “ Cela peut-être une boucherie solidaire, une chaîne de transformation pour des plats en barquette comme aujourd’hui, ou des pièces à la découpe, mais il faut évaluer le coût total de tout cela ”, répond Sonia Backès. Une loi pays en préparation Pour les associations aussi la question du contrôle du froid est centrale. “ Beaucoup des personnes qui viennent à nos distributions alimentaires vivent en squat, n’ont pas de frigo chez elles et choisissent donc peu de frais en général ”, soul igne Louis Levant, le président de l ’association Dorcas. Pour lui , l ’option EDUTXHWWH UHVWH OD PHLOOHXUH “ cela leur fait au moins un bon repas, avec de la viande et des légumes dans la semaine ”. Une observation que Jérôme Caneva, de la société Saint-Vincent-de-Paul, partage. “ Même les légumes, qui pourtant se garderaient mieux que la viande sont peu choisis, il y a un travail de fond à faire car souvent ces familles ont perdu l’habitude de cuisiner ”. Pour le consommateur aussi OȇR΍UH GȇXQH EDUTXHWWH VHPEOH avoir été particulièrement bien reçue. “ Il y a si longtemps que je n’avais pas mangé du cerf ”, s’est exclamée, sourire aux lèvres, une dame venue ce samedi matin au local de l ’ assoc iat ion Dorcas . La province Sud entend renouveler ces opérations pour affiner le modèle de développement à adopter. “ Nous finalisons aussi une proposition de loi pays qui vise à encadrer l ’aspect sanitaire de cette chaîne de transformation ”, précise Sonia Backès. Elle espère ainsi que d’ici fin 2022, un lien plus systématique entre la chasse de régulation et la transformation de la viande soit établi. Avec le lancement de l’opération « Cerf solidaire », la province Sud marque un premier pas vers une démocratisation de la valorisation de la viande de cerf sauvage. LE «CERF SOLIDAIRE», une filière en devenir ZOOM Le secours catholique a reçu 50 barquettes de cerf à distribuer. Delphine Boosy Le traiteur Le Fin Gourmet à Bourail a cuisiné, jeudi, 100 kg de viande au curry et au lait de coco et quelques 120 kilos de squash pour le gratin qui l’accompagne. Photo Julie Maresq © Niko Vincent Page 10 - Le Gratuit Nord - N l 695 - Du 26 nov. au 2 déc. 2021