Le Gratuit Nord 692

E ntre les entraînements et les matchs de foot, Manu, 34 ans, enchaînait jusqu’à six séances de sport par semaine. Di f f i c i le à croire quand on le voit en rééducat ion. Sur le vélo elliptique, il pédale à peine plus vite que sa voisine, une dame d’au moins deux fois son âge. « Il faut aller tout doucement », i l en a fait l’expérience à la première séance quand, écoutant ses habi tudes plus que les conseils de Christophe Chazalmartin, le kiné, il a voulu se donner à fond. « Au bout de deux minutes, il n’y avait plus personne… » Pas étonnant vu l’état dans lequel la Covid a laissé Manu, testé positif le 9 septembre. A v e c d e l a t o u x , d e s courbatures, des maux de tête et des diarrhées qui se sont dissipés au bout de dix jours, il a pourtant fait partie des malades légers. Mais « début octobre, quand j’ai voulu remarcher, je ne tenais même pas 10 minutes sans avoir mal partout », explique- t-il, toujours incommodé par des quintes de toux, par des douleurs musculaires et par une fatigue intense. Des symptômes qui ont conduit les médecins à lui prescrire une rééducation post-Covid. Plusieurs fois par semaine, pendant une heure, il alterne donc les exercices respiratoires et de U«KDELOLWDWLRQ ¢ OȇH΍RUW 3RXU soigner son encombrement bronchique résiduel, le kiné le fait, par exemple, allonger de côté sur un ballon puis manipule sa cage thoracique. Rapidement, des gouttes de sueur perlent sur le visage du sportif qui se met à tousser. « L’impression de manquer d’oxygène » Avec Kévin, 40 ans, Christophe Chazalmartin travaille plutôt sur le volume respiratoire « pour rétablir sa capacité à prendre de l’air ». Il lui arrive encore de se réveiller en pleine nuit avec « l’impression de manquer d’oxygène ». Ce n’est pas qu’une sensation. « Quelqu’un de son âge et de sa corpulence doit facilement pouvoir inspirer 5 litres d’air. » Or, ce jour- là, malgré les efforts qui crispent son visage, il atteint GLɝFLOHPHQW OHV OLWUHV ΖO répète trois fois l’exercice puis le kiné l’arrête pour ne pas trop le fatiguer, étire sa cage thoracique du côté gauche, où une gêne persiste, et lui désigne deux sangles pour s’étirer avant qu’il reparte pour un tour de vélo à bras. Les deux patients doivent toujours garder un œil au VDWXURPªWUH ȴ[« DX ERXW GH leur index et marquer une pause si la quantité d’oxygène transportée par leur sang baisse. Car « les malades de la Covid désaturent vite », même plusieurs semaines après la phase aiguë donc. Au bout de quinze jours de rééducation, « je commence à sent i r l es prog rès » , i nd i qu e K é v i n qu i n ’ a cependant toujours pas pu reprendre le travail. Il y allait à pied. 35 minutes aller, 35 minutes retour. À sa sortie GȇLVROHPHQW ȴQ VHSWHPEUH « ap r è s même pa s 20 PLQXWHV Mȇ«WDLV HVVRXɞ« PRQ cœur battait comme si j’avais grimpé une côte incroyable, mon t-shirt était trempé et je devais me reposer au moins une heure derrière », raconte- t-il. « Maintenant, je peux faire 2,6 km en étant un peu moins HVVRXɞ« . » Le goût et l’odorat reviennent doucement, les palpitations et les angoisses de la maladie, quand il s’est vu « foutu », sont moins fréquentes, mais lui non plus n’en est pas encore sorti. Essoufflement, fatigue, douleurs musculaires…Plusieurs semaines après avoir attrapé la Covid, même sans être passés par l’hôpital, Kévin et Manu ont toujours des séquelles. Ils tentent de s’en débarrasser avec l’aide d’un kiné libéral. APRÈS LA COVID, le temps de la rééducation pour retrouver la vie d’avant ZOOM Testé positif le 20 septembre avec peu de symptômes, Kévin, 40 ans, a dû entamer une rééducation pour se remettre du Covid. Cécile Rubichon Photo Armée de l’Air. © Cécile Rubichon Page 6 - Le Gratuit Nord - N l 692 - Du 05 au 11 novembre 2021

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=