Le Gratuit Nord 679
“ Aujourd’hui, on se retrouve avec des poissons sauvages pêchés au large de l’Amérique latine, puis transformés en farine là-bas pour ensuite traverser le monde et nourrir les poissons et les crevettes d’élevage de Calédonie. ” Cette double “ aberration environne- mentale et économique ”, l’ingénieur agronome Nico- las Guillemot veut y mettre ȴQ &ȇHVW SRXUTXRL LO YLHQW GH fonder avec Régis Bador et Matthieu Marcellier la société 1HRȵ\ &HWWH MHXQH VWDUW XS s’est lancée un pari à la fois simple et audacieux : trouver une alternative locale basée sur les insectes pour remplac- er ces protéines animales im- portées. L’objet de leur convoitise ? La mouche soldat noir. “ Ce qui nous intéresse, ce sont leurs larves, très riches en nutriments et en protéines, que l’on pourra transformer en farine et en huile, précise Nicolas Guillemot. L’ idée, c’est de créer localement une matière première innovante qui servira aux provendiers dans la fabrication de l’ali- mentation pour les animaux d’élevage dont les crevettes, mais également pour les an- imaux domestiques. ” Depuis trois mois, ces entre- preneurs expérimentent dans l’un des laboratoires de l’IAC (institut agronomique néo- calédonien), à Pocquereux, les phases de reproduction des mouches, puis de gross- issement des larves. Au bout de quinze jours, ces dernières VRQW FKDX«HV SUHVV«HV HW séchées. Si cette étape est “ la plus simple ”, tout l’enjeu actu- el est de trouver, avec l’appui des scientifiques, les meil- leures méthodes d’élevage en vue d’obtenir les meilleurs rendements possibles. “ Il faut prendre le temps de la recherche car l’objectif, à terme, est d’être compétitif HW QRQ SDV GH FU«HU XQH ȴOLªUH perfusée par les subventions ”, poursuit l’ingénieur. Et l’un des leviers de cette rentabil- ité pourrait venir de l’alimen- tation utilisée pour élever les larves. Car ces insectes consomment des déchets organiques végétaux, issus par exemple des surplus de production agricole ou des résidus de l’industrie agroal- imentaire. Et qui, une fois in- gurgités puis rejetés par les larves, pourrait être revendus comme fertilisant. “ Rien ne se perd, tout se transforme ” “ C’est un vrai modèle d’écon- omie circulaire où rien ne se perd, tout se transforme, ex- plique Régis Bador. Au lieu de jeter et d’enfouir des déchets produits localement dont on ne sait pas trop quoi faire, on va leur donner une nouvelle vie .” Et le jeu pourrait en valoir la chandelle puisque le secteur de la transformation d’in- sectes a le vent en poupe. “ C’est une filière en plein développement au niveau in- WHUQDWLRQDO HW RQ E«Q«ȴFLH GH toutes ces expérimentations, ajoute Nicolas Guillemot. Tout l’enjeu, c’est d’adapter une unité de production à notre échelle insulaire. Notam- ment en fonction du volume de déchets organiques dis- ponibles. Mais toujours est-il, les provendiers nous ont déjà fait part de leur intérêt .” Les entrepreneurs estiment pouvoir “ être opérationnels ” GȇLFL OD ȴQ GH OȇDQQ«H /ȇXVLQH de production pourrait quant à elle être construite d’ici un ou deux ans, le temps de le- YHU VXɝVDPPHQW GH IRQGV (W TXH 1HRȵ\ SXLVVH YROHU GH ses propres ailes. Difficile à croire mais la mouche pourrait bien devenir la base d’une nouvelle filière industrielle sur le Caillou. La société Neofly a mis au point un élevage qui constituerait la matière première d’une alimentation animale 100 % locale. AVEC DES LARVES DE MOUCHE ? Et si on nourrissait nos animaux ZOOM Photo A.T. 3RXU PHQHU ¢ ELHQ VRQ SURMHW 1HRȵ\ D QRWDPPHQW E«Q«ȴFL« GX VRXWLHQ GH Oȇ$GHFDO DLQVL TXH GȇXQH HQYHO - RSSH GH PLOOLRQV GH IUDQFV FRȴQDQF«V SDU OD %DQTXH SXEOLTXH GȇLQYHVWLVVHPHQW HW OD SURYLQFH 6XG /D PRXFKH VROGDW QRLU A.T. Page 6 - Le Gratuit Nord - N l 679 - Du 06 au 12 aout 2021
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