Le Gratuit Nord 676

La mutagénèse, exclue de l’actuelle réglemen- tation OGM Les organismes génétique- ment modifiés sont régle- mentés en Calédonie depuis 2014 : un arrêté classe les semences OGM parmi les importations indésirables. Pour plusieurs associations écologistes (EPLP, Stop OGM 3DFLȴTXHȐ FHWWH U«JOHPHQ - tation est incomplète dans la mesure où elle ne concerne que la technique de la trans- genèse. Cette dernière con- siste à sélectionner un gène pour la qualité qu’il donne à un organisme (résistance à un pesticide, qualités gustatives, HWF HW ¢ OȇLQWURGXLUH GDQV XQ autre organisme. Dans l’industrie agroalimen- taire, la transgenèse est « qua- siment abandonnée », indique la Davar*. Les techniques récentes font principalement appel à la mutagénèse, qui revient souvent à provoquer des mutations chez la plante, par exemple en lui introdui- sant des séquences d’ADN. Le maïs, premier concerné en Calédonie En Calédonie, les semences issues de mutagénèse sont arrivées ces dernières années chez des producteurs de maïs destiné à l’alimentation ani- PDOH SRUFV SRXOHWVȐ Ils utilisent en particulier les variétés rendues tolérantes DX[ KHUELFLGHV 957+ /D 'D - var est « dans l’impossibilité de connaître les quantités de semences utilisées », puisque ces importations ne sont pas soumises à déclaration. De plus, contrairement à la transgenèse, la mutagénèse est indétectable dans les analyses des semences ou des aliments. Le gouvernement prié de revoir sa copie Ensemble pour la planète (3/3 DYDLW GHPDQG« G«EXW 2020 au président du gou- vernement de modifier la réglementation des OGM afin d’y inclure les produits issus de mutagénèse, des procédés les plus récents en SDUWLFXOLHU TXȇHOOH TXDOLȴH Gȇ « OGM cachés ». L’exécutif avait opposé un refus, que l’association s’est empressée d’attaquer, avec succès. Dans sa décision datée du 17 mai, le tribunal adminis- tratif de Nouméa « enjoint le président du gouvernement de procéder au réexamen de OD GHPDQGH >Ȑ@ DSUªV DYRLU procédé à une appréciation des risques invoqués », puis de prendre dans les trois mois « une nouvelle décision sur cette demande ». EPLP a exprimé sa « satisfac- tion » au sujet de cette déci- sion « visant à la protection de notre environnement et de notre santé ». Double « pollution » EPLP ne se prononce pas VXU OHV «YHQWXHOV H΍HWV GH OD mutagénèse sur la santé. Sur l’environnement, en revanche, « aucun doute ». Premièrement, le recours aux semences résistantes aux her- bicides « renforce l’agriculture traditionnelle en encourag- eant l’utilisation de pesticides qui polluent les sols ». Deux- ièmement, les « OGM cachés » sont considérés comme une « pollution génétique » pour la biodiversité. L’association souligne les « risques de con- tamination des espèces sau- vages » via le pollen, ainsi que des risques « d’apparition de résistances aux herbicides » qui pourraient entraîner une « surconsommation de pro- duits toxiques ». Le Conseil d’État invoque le principe de précaution « Les techniques de mu- tagénèse les plus récentes doivent être soumises à la réglementation OGM », a estimé le Conseil d’État dans une décision de février 2020, qui sous-tend celle du tribunal administratif de Nouméa. Le Conseil dit « qu’en vertu du principe de précaution », la puissance publique se doit de « prendre des mesures de prévention pour l’utilisation de variétés de plantes ren- dues tolérantes aux herbi- cides } OLUH SDU DLOOHXUV L’association Ensemble pour la planète (EPLP), opposée aux organismes génétiquement modifiés en agriculture, a gagné une bataille. Le tribunal administratif a ordonné au gouvernement de réfléchir à une nouvelle position sur l’import de semences issues de mutagénèse, qu’il ne considère pas comme des OGM. LES OGM bientôt plus strictement encadrés ? ZOOM Photo G.C Photo archives LNC La culture du maïs est la première à être concernée par la problématique de la mutagenèse. Les semences issues de la mutagenèse sont arrivées chez des produc- teurs calédoniens de maïs destiné à l’alimentation animale. Yann Mainguet Page 8 - Le Gratuit Nord - N l 676 - Du 16 au 22 juillet 2021