Le Gratuit Nord 674
La présentation du futur site funéraire d’Ataï, et les hommages rendus à Gally-Passebosc ainsi qu’aux colons tués en 1878, ont nourri « une journée historique ». DEVANT LE FUTUR MAUSOLÉE D’ATAÏ, Le grand chef Bergé Kawa et Julien Nondo, descendants respectifs des chefs de guerre rivaux, Ataï et Nondo, ont dévoilé ensemble la plaque à la mémoire de tous les morts lors de la révolte de 1878. beaucoup espèrent voir naître un avenir apaisé Propos recueillis par Yann Mainguet ACTUS T our à tour, les invités nouent un morceau de tapa autour du bois. Un geste qui symbolise l’attache de la parole. Promesse est faite que le projet sera porté jusqu’à son terme. Des vieux n’hésitent pas à parler d’« un tournant de l’histoire ». Yvon Kona, sénateur coutumier de l’aire Xârâcùù, lâche une belle formule. « On n’est pas l’un en face de l’autre aujourd’hui, mais l’un à côté de l’autre ». Une plaque « à la mémoire du chef Ataï et des victimes de l’insurrection de 1878 » a été dévoilée vendredi à La Foa, sur le terrain même de Fonwhary où va être aménagé le site funéraire qui accueillera le guerrier kanak et son compagnon Dao. Une case en béton armé couvrira le caveau. L’ inhumation des reliques restituées est prévue le 1er septembre prochain, date anniversaire de la mort d’Ataï. « (QȴQ LOV YRQW ¬WUH WUDQTXLOOHV désorma i s , et se reposer pour l ’éterni té chez eux » a apprécié le grand chef Bergé Kawa, descendant de l’icône de la révolte de 1878. Tous ont décelé des symboles forts dans la cérémonie du jour. « Faire notre deuil » « Nous prouvons que nous sommes un peuple, que nous sommes Calédoniens. Parce que, quand je vois que l’État et les Pionniers célèbrent un chef d’une révolte kanak, on a fait un pas » a estimé le maire de La Foa, Nicolas Metzdorf, qui distinguera la même avancée à travers la présence des autorités coutumières à l ’hommage de militaires. « Cette histoire douloureuse, c’est notre histoire à tous, et nous devons ensemble l’accepter, en faire notre deuil DȴQ GȇDYDQFHU GDQV OD SDL[ HW OD poursuite de la construction de notre vivre ensemble » a noté de son côté l’élu de la province Sud, Lionnel Brinon. La cérémonie autour d’Ataï , mais aussi la pensée au lieutenant-colonel François Gally-Passebosc ainsi que l’hommage aux gendarmes et aux colons tués, ont témoigné « de la capacité des Calédoniens à regarder leur histoire en face, à travailler à la construction d’un avenir apaisé » a jugé la commissaire déléguée à la province Sud par intérim, Carine Farault. Ces séquences sont alors « un passage ». Cette période de 1878 et 1879 a marqué les corps et les esprits, d’ailleurs « le choc de la colonisation a constitué un traumatisme durable pour la population d’origine » a insisté Roger Thevedin, président de l’aire Xaracùù, citant un extrait du préambule de l’accord de Nouméa. Aux yeux de Roch Wamytan, prés i dent du Congrès , l a restitution des reliques en 2014 RUH OD SRVVLELOLW« GȇHQJDJHU m un pas de plus dans le règlement du contentieux colonial ». Des discussions vont elles se poursuivre, entre le clan d’Ataï HW OHV FKHHULHV GH &DQDOD HQ vue d’une possible réconciliation. Photo Yann Mainguet Photo BBLion Le 25 juin 1878, quatre gendarmes étaient tués à La Foa. La révolte éclatait. Militaires et coutumiers ont eu une pensée. La commissaire déléguée de la République, des descendants d’Ataï et du Dao, mais aussi un membre de l’association des familles wallisi- ennes de La Foa, ont participé à l’attache de la parole. Photo Y.M Page 6 - Le Gratuit Nord - N l 674 - Du 2 au 8 juillet 2021
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=