Le Gratuit Nord 674

Le navire qui transporte régulièrement les Calédoniens de Nouméa vers les îles n’a pas quitté le Caillou pour sa révision annuelle. Pour la première fois depuis sa mise en service en 2009, le carénage du Betico 2 s’effectue à Nouville jusqu’à la fin de la semaine. La compagnie Sudîles compte bien faire de cette grande première une habitude. LE BETICO 2 RESTE AU PAYS Le Betico 2 a été sorti de l’eau pour deux semaines de nettoyage, révisions et maintenance à Nouville. Cinq entreprises calédoniennes et l’équipage du catamaran participent aux travaux. pour sa révision Propos recueillis par Brice Bacquet ACTUS La cale de halage de Nouville n’était pas dimensionnée à accueillir le mastodonte orange et blanc. La compagnie Sudîles, qui exploite le Betico 2, prépare le projet depuis deux ans. Le 22 juin, le catamaran de 350 tonnes et de 54 mètres de long a finalement pu être sorti de l’eau au port autonome pour ses opérations de maintenance annuelle. « On a lancé le projet en 2018, avant la crise sanitaire, pour rapatrier les opérations de maintenance ici, explique Édouard Castaing, directeur général de Sudîles. La crise VDQLWDLUH D FRQȴUP« OD Q«FHVVLW« de ne pas déprendre d’un autre pays. » Le Betico 2 est l’un des plus grands bateaux passés sur la cale de Nouville. Le chariot, qui tracte hors de l’eau des navires de la taille du Prony Express ou du Mary D, a été renforcé et élargi pour accueillir le Betico 2. « Depuis dix ans, on est obligé d’aller à Brisbane, en Australie, pour caréner. La cale de Nouville était sous-dimensionnée pour le bateau, explique Édouard Castaing. Maintenant, on est sur place . » Une prouesse technique Cette première fois est un véritable exploit technique pour le pays. Des bers spéciaux ont été imaginés localement pour supporter le poids du bâtiment. Un échafaudage sur mesure a dû être installé. « C’est une opération complexe, surtout en Nouvelle-Calédonie », témoigne Jean-Pierre Garceran, gérant de la Société calédonienne de dépollution et d’expertises maritimes (Scadem), spécialisée dans l’attinage ou l’art de caler un navire. Treize salariés de son entreprise, dont quatre plongeurs, ont été mobilisés pour hisser le bateau sur la cale de halage. « C’est un catamaran rapide, mais très fragile qui est très particulier à c a l e r . L e s c a t ama r ans n’acceptent aucune marge d’erreur, il faut respecter les côtes au centimètre près, sinon le bateau bascule ou la coque peut s’enfoncer », poursuit l’expert. Le chantier de quinze jours regroupe cinq entrepr ises locales (Scadem, Socometal, MSN industries, FNCC et Kheops Equipement). Jusqu’à la fin de semaine, elles vont, avec l’équipage du navire, inspecter le moindre recoin des 600 m² du bateau. Nettoyage, peinture antifouling, révision des quatre moteurs, inspection complète de la coque… tout y passe. « On Y«ULȴH WRXW FH TXL VH WURXYH VRXV l’eau », détaille Louis Daelman, ingénieur technique du Betico et chef du chantier. Une première fois, pas la dernière La compagnie Sudîles ne compte pas retourner en Australie de sitôt. La société maritime espère pouvoir réitérer cet exploit technique chaque année. « On a plus besoin d’aller en Australie, insiste Édouard Castaing. Le bateau fera tous les ans sa sortie de l’eau à Nouville . » Chaque année , l a Sudî l es dépense 50 à 100 millions de francs pour ses opérations de maintenance. Selon ses calculs, el le compte économiser 15 mi l l ions de francs, entre le trajet de deux jours en mer, le logement sur place et les autres frais liés au déplacement. « Ces sommes d’argent, on les donnait aux Australiens », pointe Édouard Castaing. De l’histoire ancienne. La prochaine opérat ion de ce genre se déroulera en mars 2022. Et la compagnie du Bet ico p r ome t d é j à q u e « l e s i n v e s t i s s eme n t s s e r o n t directement au bénéfice des entreprises calédoniennes . » Photo Nicolas Petit Page 4 - Le Gratuit Nord - N l 674 - Du 2 au 8 juillet 2021

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