Le Gratuit Nord 673

D ’ habitude si calme, la tribu de N’Dé à Païta a connu pendant trois jours une animation particu- lière. À l’initiative du comité Ke Dja Taan, la maison com- mune était le théâtre d’un forum réunissant les habi- tants des lieux et les acteurs calédoniens du reboisement ou de la permaculture avec un objectif commun : sauvegard- er et développer durablement les terres coutumières. « Depuis 2013, 1 500 hectares de foncier ont été mis à dis- position du Groupement de droit particulier local (GDPL) et nous voulons désormais les valoriser », détaille Gérald At Chee, membre du comité et habitant de N’Dé. « L’idée de ce forum est de créer des passerelles avec des partenaires compétents pour que les gens d’ici aient les out- ils nécessaires à la réussite de leurs projets ». Conférence et ateliers À l’intérieur de l’établisse- ment, le public a notamment pu assister aux conférences de Juanito Wamytan parlant au nom du GDPL clan Kam- boa Ouetcho, du succès du projet Kota Bore (lire par ail- leurs) ou d’Antoine Garioud venu vanter les avantages de la permaculture. Pour pass- er de la théorie à la pratique, des ateliers de formation sur le terrain étaient proposés à l’extérieur de la maison commune, proche du bord de mer. Grâce aux conseils de Guil- laume Vama, agricul teur originaire de l’île des Pins, les habitants de la tribu ont ainsi commencé la prépara- tion d’un jardin maraîcher bordé de bananiers suivant les concepts de l’agrofores- terie. « L’objectif est de s’in- spirer de la nature pour créer un environnement favorable en intervenant par la suite le moins possible », soulignait Guillaume. « Avant, je n’avais jamais vu un vieux porter de l’’eau ou des engrais jusqu’au champ ». Créer une économie Une méthode qui a fait ses preuves pour la culture, mais qui rencontre ses limites au niveau de la sauvegarde du littoral. « Les tribus ici sont au bord de mer, et sont con- frontées au changement cli- matique et à la montée des eaux », regrette Gérald At Chee. « On a toujours laissé les choses se faire naturel- lement, mais il semble que la nature a besoin d’aide ». Sur ce point, le comité a fait appel à l’expertise de l’asso- ciation SOS Mangrove et de sa présidente Monique Lor- fanfant : « La mangrove est la première barrière de protec- tion du littoral. On peut voir que l’endroit où la mer est le plus montée se situe là où les palétuviers sont absents. En les replantant, on va ralentir ce phénomène et faire reve- nir les poissons attirés par la nourriture qui sera générée par ces arbres ». Pêche, ag- riculture, sculpture… Autant de ressources à exploiter pour créer une économie lo- cale. « Ce que l’on souhaite, c’est qu’à l’avenir nos jeunes aillent présenter leurs pro- jets au conseil des clans et aux différentes institutions pour créer une économie E«Q«ȴTXH DX[ KDELWDQWV WRXW en étant respectueux de la nature ». Pendant trois jours, la tribu de N’Dé a accueilli le Forum sur le développement durable organisé par le comité Ke Dja Taan pour mettre en relation ceux qui ont des idées et les personnes qui ont les connaissances techniques pour les réaliser. DES OUTILS POUR DÉVELOPPER durablement les terres coutumières ZOOM Des ateliers de formation sur le terrain étaient proposés à l’extérieur de la maison commune, proche du bord de mer. Les jeunes de la tribu ont pu s’initier à la sculpture. Des palétuviers rouges ont été plantés au bord de mer. Cédric Moal © Cédric Moal © Cédric Moal Page 4 - Le Gratuit Nord - N l 673 - Du 25 juin au 1er juillet 2021

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