Le Gratuit Nord 672
C ’est une manière pour eux de s’intéresser à l ’histoire, de mener des rénovations et d’écouter des témoignages. Quatre ado- lescents placés sous l’autorité de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DP- JEJ) ont ainsi passé trois jours et à restaurer des tombes de soldats de Koumac, ainsi que le mémorial de Kaala-Gomen. Avant, cela, le 2 juin, ils étaient déjà intervenus sur un mé- morial de Dumbéa. “Cela s’est très bien passé et jeudi nous sommes allés rechercher des tombes à Païamboué. Nous tenons à remercier les trois maires et leurs adjoints qui nous ont accompagnés dans ces travaux, ainsi que les ser- vices techniques et du patri- moine”, explique Jean-Baptiste Tatalua, l’un des trois éduca- teurs du Foyer d’action éduca- tive de Nouville, qui encadrent ce programme. Baptisé Mémoire des anciens, celui-ci, outre les nettoyages, désherbages et coup de pein- ture aux monuments, permet aux jeunes de rencontrer des vétérans des opérations ex- térieurs, qui ont participé à GHV FRQȵLWV U«FHQWV HW DQFLHQV comme les interventions en ΖUDN HW HQ $IJKDQLVWDQ DȴQ GH recueillir leurs témoignages. Conçue en partenariat avec l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, l’action se poursuivra jusqu’en 2022 et mènera ces adolescents à accomplir un tra- vail de recherche auprès des Archives de la Nouvelle-Calédo- nie. Du 11 au 15 octobre, les jeunes et leurs encadrants se rendront à Moindou, à Sar- raméa, à La Foa et à Canala. Les dernières interventions auront lieu à Maré, Lifou et Ouvéa, en décembre et janvier. À voir son sourire débor- der de son visage et sa volonté de bien faire, il prend à l’évidence la chose au sérieux. Louis* a 19 ans et jusqu’à ce jour, rien ne le prédestinait à franchir l’entrée du camp militaire de Plum. Il habite pourtant à quelques centaines de mètres des installations du Régiment d’infanterie de marine du Pacifique mais il n’y avait encore jamais mis les pieds. Cette découverte est d’un genre particulier. Ce garçon s’apprête à passer trois jours (presque) dans la peau d’un militaire. Un dur labeur l’at- tend, surtout. Car Louis a été condamné à une peine de tra- vail d’intérêt général (TIG). « J’ai eu des problèmes avec la justice », témoigne-t-il, bais- sant la voix pour éviter que ses encadrants ne l’écoutent. Il n’avait jamais fait parler de lui : sur les baies pour les I¬WHV GH ȴQ GȇDQQ«H DYHF GHV amis, Louis s’enivre jusqu’à ne plus savoir se comporter. Il est tard, il n’a aucun moyen pour rentrer chez lui et décide de voler une voiture. « J’avais abusé sur l’alcool, il était trois heures du matin… Je n’ai pas pu me contrôler. » « Une chance à saisir » C’est la première fois que cet étudiant en BTS était confronté au monstre judici- aire. Le procureur, l’audience FRUUHFWLRQQHOOH OHV JUHɝHUV ce monde lui était incon- nu. Une peine de vingt-cinq heures de travail d’intérêt général lui a été proposée, il l’a accepté sans sourciller. « Maintenant, mon casier ju- diciaire n’est plus vierge… Ça va me servir de leçon ! », di t - i l . La gendarmer ie à Pont -des-Françai s ou la caserne des Forces armées ? Louis fait son choix. On lui affecte le travail pendant ses vacances. De 8 heures à midi et de 14 heures à 17 heures, il aide les militaires aux travaux d’espaces verts, à la réfection des chauss- ées, « cela me permet de réfléchir au mal que j’ai pu causer, que le propriétaire a sué pour s’acheter sa voi- ture. Ça va me servir d’aver- tissement. Si je recommence, je passe de l’autre côté », le Camp-Est. Louis sait que c’est « une chance à saisir » car « je suis encore en liberté. Je préfère travailler et réparer mes erreurs que d’être enfer- mé ». Il a parlé avec ses amis de la peine. « Ils m’ont dit bon courage » . Ils sont cu- rieux, ils me demandent com- ment ça se passe », sourit-il. Louis reconnaît volontiers qu’avec les militaires, « ©D ȴOH droit ». « Ça va me remettre dans le droit chemin », es- père-t-il. Du côté des Forces armées, « il nous semblait essentiel de rejoindre ce dispositif de réinsertion. La base aérienne de Tontouta se prépare à re- cevoir le premier tigiste en août et c’est en cours d’étude pour la base navale. Le ca- dencement dépendra de la demande du Spip mais aussi de l’activité opérationnelle des unités, souligne le général Frank Barrera, commandant supérieur des Fanc. Les re- tours sont positifs pour le rég- iment car les tigistes constitu- ent une aide supplémentaire pour améliorer le cadre de vie et pour eux car ils apprécient cette expérience forte au sein d’une communauté humaine pas comme les autres ». Alternative à l’incarcération, la peine de travail d’intérêt général – de 20 à 400 heures en fonction des infractions – est de plus en plus utilisée par la justice pour sanctionner les vols et recels, les dégra- dations, l’insécurité routière et autres atteintes aux per- sonnes. Les retours d’expéri- ence sont prometteurs. Elle permet d’éviter l’effet désocialisant de l ’empris- onnement – et la surpopula- tion carcérale – et redonne du sens à la peine. De quoi limiter la récidive et favoriser l’insertion sociale. Bien plus qu’une sanction pénale, le travail d’intérêt général recadre des jeunes au début de leur parcours de délinquance. C’est parfois même un bouleversement de vie. Comme pour Louis pour qui « il y a peut-être une vo- cation qui va naître. L’armée, autant tenter sa chance ». SU«QRP PRGLȴ« Quatre jeunes placés sous l’autorité de la Direction de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse ont restauré des monuments et des tombes de soldats à Koumac et à Kaala-Gomen. DES ADOS SOUS PROTECTION JUDICIAIRE LE TRAVAIL D’INTÉRÊT GÉNÉRAL, restaurent tombes et mémoriaux ZOOM Outre l’entretien des tombes de soldats tombés pour la France, ces déplacements sont l’occasion pour ces jeunes de rencontrer des vétérans d’opérations extérieurs et de recueillir leur témoignage. Gédéon Richard Jean-Alexis Gallien-Lamarche une sanction qui a du sens Photos DR Page 2 - Le Gratuit Nord - N l 672 - Du 18 au 24 juin 2021
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