Le Gratuit Nord 671

L e cerf, le cochon ou en- core le chat sauvage (ou haret), envahisseurs sol- idement établis en Calédonie, sont dans le collimateur de longue date. Au rang d’indésirables offi- ciels, ils ont été rejoints en 2019 par une liste “ secon- daire ” comprenant 49 espèces végétales et animales qui sont pour l’heure absentes ou peu présentes en Calédonie. Puisque mieux vaut prévenir que guérir, le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) vient de publier sept posters résu- mant les principales menac- es pour la Grande Terre, les Loyauté, l’île des Pins et Bélep. On y trouve, par exemple, le FUDSDXG EXɞH OD WRUWXH GH Floride, le lapin européen et le caméléon de Jackson. “ Cette seconde liste est très GL΍«UHQWH LO VȇDJLW GȇHVSªFHV qui seraient particulièrement néfastes si elles venaient à être introduites ou à s’étendre en Calédonie” , explique Pat- rick Barrière, responsable du pôle espèces envahissantes du CEN. Le Miconia, plante RULJLQDLUH Gȇ$P«ULTXH D΍XEO« du surnomde “ cancer vert ” en Polynésie française, n’est pour l’heure présente que dans la vallée de la Thy, au Mont- Dore. “ On doit surveiller de près ce genre d’espèce pour être capable de l’éradiquer rapidement et à moindres frais .” Menace fantôme Les sept posters seront no- tamment diffusés dans la totalité des établissements scolaires du pays. “ L’idéal, c’est que les Calédoniens acquièrent cette connais- sance dès le plus jeune âge ”, résume Laure-Line Lafille, responsable de la cellule de veille du CEN. Les documents pourraient également être placardés dans les ports, les marinas, les centres miniers, autant de points d’entrée et de cachettes pour les espèces avides d’espaces à envahir. Le danger reste quelque peu abstrait, Patrick Barrière, re- sponsable du pôle espèces envahissantes du CEN, le sait bien. “ La majorité de ces espèces ne veulent pas dire grand-chose pour les Calédo- niens, puisqu’elles sont peu présentes ou absentes. ” Or, la Calédonie est vaste, et les moyens de veille dont dis- pose le Conservatoire sont évidemment limités. “ Il faut GRQF LQWHQVLȴHU OȇH΍RUW GȇLQ - formation, car on ne pourra pas faire grand-chose sans la population. On a absolument besoin de son soutien .” La fourmi de feu, très redoutée Parmi les quarante-neuf es- pèces de la liste secondaire, les invertébrés sont craints pour leur petite taille et leur facilité à entrer. Le plus red- outable ? “C’est sans doute la fourmi de feu”, estime Lau- UH /LQH /DȴOOH “ En Australie et aux États- Unis, elle pose de très gros problèmes, sanitaires nota- mment, puisque la morsure est très douloureuse ”. Le travail des agriculteurs peut devenir “impossible” en la présence de ce prédateur d’autres fourmis, qui mobilise des dépenses “colossales”. La petite mangouste indienne H΍UDLH HOOH DXVVL Ȋ Si ce petit carnivore arrivait, ce serait excessivement grave pour la faune, les oiseaux et les squa- mates (des reptiles, NDLR) en particulier ”, estime Patrick Barrière. Des incursions ont déjà eu OLHX GHX[ PDQJRXVWHV RQW été récemment capturées et abattues au Port autonome. Comment signaler Pour signaler la présence d’une espèce envahissante, le CEN est joignable au 75 30 69 ou sur sa page Facebook. Une perte pour la Calédonie, une perte pour la planète “ Chaque élément de la biodi- versité joue un rôle pour les autres espèces, chacun est un maillon de la chaîne. Les disparitions d’espèce peuvent avoir un effet sur l’eau, sur le sol…, détaille Laure-Line Lafille. Et elles sont d’au- tant plus graves que le taux d’endémisme est énorme en Calédonie. Quand on perd une espèce, elle disparaît de la planète .” Un guide (expert) derrière chaque poster Un QR code placé sur chaque poster renvoie au guide d’explication associé, qui est également consultable sur le site du Conservatoire ( www.cen.nc ). De plus, un guide expert ras- semble les informations sur chacune des quarante-neuf espèces. Le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) a réalisé sept posters destinés à accroître la vigilance de la population vis-à-vis de 49 espèces, pour l’heure absentes ou peu présentes en Calédonie, qui s’annoncent très dangereuses pour la biodiversité. ESPÈCES ENVAHISSANTES : © Photo CEN © Infographie CEN «On a besoin du soutien de la population» Gilles Caprais ZOOM Le poster destiné à Tiga regroupe 25 espèces, soit la moitié des envahisseurs de la seconde liste. Le Conservatoire d’espaces naturels coordonne des actions de lutte contre les espèces végétales envahissantes, comme la jacinthe d’eau. Page 4 - Le Gratuit Nord - N l 671 - Du 11 au 17 juin 2021