Le Gratuit Nord 671

L e s mé t é o r o l o g u e s l ’avaient annoncé dès le mois de septembre : la saison chaude 2020-2021 serait plus humide que les années précédentes. Et ce, en raison de l’installation du phénomène La Niña, syno- nyme de hausse des tempéra- tures et de renforcement des précipitations (le contraire d’El Niño). Sauf qu’ils ne s’atten- daient pas à de telles quan- tités d’eau. Alors que les prévisions tab- laient sur une augmentation de 20 % des pluies par rap- port à la normale entre octo- bre et mai, les précipitations ont globalement été excéden- taires de 57 % dans le pays. L’arrivée de ce phénomène, qui était la promesse d’un répit salvateur après des sécheresses records, s’est vite transformée en cauche- mar pour les agriculteurs. Dès le mois de décembre, les in- tempéries ont réduit à néant les récoltes, puis rendu les champs impraticables. Dans le détail, les mois de jan- vier (+178 %) et d’avril (+170 %) ont été, de loin, les plus ar- rosés. Un phénomène jugé « exceptionnel » par Météo- France, qui ne revient enmoy- enne que tous les dix ans. Depu i s c i nquan t e ans , cette saison est d’ailleurs la cinquième plus humide con- nue sur le Caillou. Où a-t-il le plus plu ? La côte Sud-est (en particulier de Thio à Yaté) a été la plus arrosée avec des cumuls com- pris entre 2 200 et près de 3 300 mm d’eau, entre octo- bre et mai. Certes cette région est traditionnellement l’une des plus humides du pays, mais il est tout de même tombé environ 1,5 fois plus de pluie que la normale. C’est sur la côte Ouest, et no- tamment dans la moitié sud, que les écarts ont été les plus importants par rapport aux cumuls de pluie habitu- els. Avec 1 200 à 2 000 mm tombés, soit 1,5 à 2,2 fois plus d’eau par rapport aux quantités attendues en temps normal. (QȴQ GDQV OHV /R\DXW« Oȇ°OH d’Ouvéa n’a pas non plus été épargnée. La station de Mouli a même enregistré 2 265 mm d’eau, ce qui représente 2,3 fois plus de pluie que d’hab- itude. Des épisodes remarquables La saison aura été marquée par quelques pluies remar- quables par leur intensité, battant de nombreux records absolus. Ainsi, lors de la dépression tropicale Lucas, en février, 419 mm d’eau se sont abat- tus sur Dumbéa en 48 heures. Puis lors de l’épisode orageux du 2 au 4 avril, une vigilance rouge a été émise sur le sud- est. Une précaution plus que nécessaire puis qu’ i l est tombé près de 627 mm, en 24 heures, à Borindi, à Thio. 'HV FKL΍UHV WUªV LPSUHVVLRQ - nants. Tout comme les 430 mm d’eau en à peine 12 heu- res, à Yaté, le 4 mai. Des températures plus élevées Comme prévu en situation La Niña, les températures ont le plus souvent été supérieures aux normales de saison. En moyenne, sur cette péri- ode, le mercure a enregistré une hausse de +0,5 °C. « Il n’y a pas forcément eu de fortes chaleurs en journée en raison de temps souvent nu- ageux, sauf que cette masse d’air a maintenu un couvercle chaud durant la nuit », détaille Thomas Abinun. Le climatologue de Météo- France juge cependant bon de préciser que ces hausses des températures peuvent égale- PHQW ¬WUH LQȵXHQF«HV SDU OH réchauffement climatique puisqu’en 50 ans, le mercure a grimpé en moyenne de 1,2 °C dans le pays. « Une tendance évidente HW G«PRQWU«H TXL DSSDUD°W aussi sur les températures de l’océan », complète-t-il. Cela n’aura échappé à personne. Il a beaucoup (trop) plu depuis la fin de l’année dernière. Le phénomène La Niña, favorable à l’humidité, a engendré des records de précipitations et des inondations en série. En cinquante ans, cette saison chaude a été la cinquième la plus arrosée qu’a connue le Caillou. UNE SAISON DES PLUIES © Météo France « exceptionnelle » Anthony Tejero ZOOM Durant la saison chaude, il a plu entre 1 fois et 2,6 fois plus que d’habitude selon les stations. Seul mars a été plus sec que la normale. Page 2 - Le Gratuit Nord - N l 671 - Du 11 au 17 juin 2021

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