Le Gratuit Nord 669
D ans la val lée de La Ouenghi, à Boulouparis, la savane et les pâtur- ages ont cédé leur place à des paysages plus atypiques. Depuis dix ans, l’Adecal ex- périmente sur ses parcelles en bordure de rivière, la cul- ture du riz. Une production, maintes fois testée sur le Caillou. Mais rarement cou- ronnée de succès. Pourtant, cette céréale, pleine de promesses, continue d’in- téresser de très près les agro- QRPHV 4XL DX ȴO GHV VDLVRQV DɝQHQW OHXUV UHFKHUFKHV SRXU tenter d’adapter cette culture au milieu calédonien. « Ce qui n’était pas rentable avant peut le devenir », assure Nathalie Ayrault, directrice du Crea (Centre de recherch- es et d’expérimentations agronomiques). Parmi les 150 variétés de riz que l’Adecal a plantées, cer- taines ont su tirer leur épingle du jeu au gré des récoltes. Et pourraient bien servir de base à une production locale pour l’un des aliments les plus con- sommés dans le pays. Chaque année, près de 10 000 tonnes de riz sont importées, ce qui représente la bagatelle de 30 kg par habitant. À t i tre de comparaison, cette quantité est de 6 kg en Métropole. Résistant aux inondations « On est de gros mangeurs de riz, donc on recherche les variétés qui peuvent corre- spondre le mieux au marché local, au goût des Calédoniens tout en donnant des rende- ments corrects pour les ag- riculteurs. Et on commence à atteindre des résultats intéressants », résume l’in- génieure, qui a « bon espoir » de parvenir à structurer une ȴOLªUH GDQV OHV DQQ«HV ¢ YH - nir. Car cette culture présente un énorme avantage : elle ne peut être plantée que pen- dant la saison cyclonique, pré- cisément lorsque la plupart des productions sont mises en sommeil. Le riz, lui, aime l’humidité et la chaleur. Cette végétation rase résiste aux forts vents et même aux inon- dations. « Cette année, nous avons eu jusqu’à un mètre d’eau sur nos parcelles et les récoltes sont quand même bonnes, constate Nathalie Ayrault. Le seul risque, c’est que l’inondation survienne pendant les deux semaines GH ȵRUDLVRQ FDU FHOD ULQFHUDLW OHV ȵHXUV . » Autre menace : la fraîcheur, puisque le riz supporte mal des températures en dessous de 17 °C. Ce qui implique, idéalement, de le semer en décembre et de le récolter en avril. Un revenu supplé- mentaire pour les céréaliers, qui leur permet ensuite d’en- chaîner avec la culture du maïs. Et donc de compléter le calendrier cultural. La rizicul- WXUH XQ ERQ ȴORQ HQ VRPPH " En théorie. Car en pratique, OȇDDLUH QȇHVW SDV VL DLV«H En 2018 et 2019, cette culture a été tentée à Boulouparis avec une production de 60, puis de 100 tonnes. Sauf que les sécheresses extrêmes qui ont frappé le pays ont eu raison de ces expérimen- tations. « Des agriculteurs courageux ont essayé, mais les conditions climatiques ont été terribles. Quand il n’y a toujours pas de pluie en jan- vier, ce n’est plus du tout rent- able, poursuit la directrice du Crea, qui a pour mission de guider les producteurs. Cer- taines variétés donnent mieux quand il fait sec, d’autres lor- sque c’est humide. On leur explique donc ce qu’il serait plus souhaitable de planter en fonction du climat. Et on peut poser la limite. Si une année, la météo annonce une sécheresse forte, mieux vaut ne pas se lancer dans le riz . » Pour qui ? Deux types de production pour deux publ ics cibles peuvent être envisagés. Le riz « de commodité » qui se sub- stituerait à l’import, planté en grandes cultures, dont le prix pourrait avoisiner les 200 F du kilo. Et un produit bio « à haute valeur ajoutée » (riz rouge, très parfumé, etc.), plus cher, cultivé chez des maraîchers avec une récolte manuelle. « Il y a de nombreux petits marchés de niche à capter, avec une clientèle prête à payer jusqu’à 400, voire 500 F, estime Julien Barbier, chargé de mission à l’Agence rurale. Pour les grandes cultures, la production peut aujourd’hui être traitée à la coopérative Grains Sud de Boulouparis. Mais si on voulait dévelop- SHU OD ȴOLªUH HW G«SDVVHU tonnes, cela impliquerait de se lancer à une échelle plus industrielle, avec des outils en conséquence . » La récolte de la seule plantation de riz du Caillou a commencé à La Ouenghi. Sur ses parcelles, l’Adecal expérimente cette culture pleine de promesses, l’une des seules capables de pousser pendant la saison cyclonique. Au fil des années, les agronomes sélectionnent les variétés les plus adaptées au climat calédonien. Le but : (re) lancer une production locale. POURRA-T-ON produire un riz local ? Anthony Tejero ACTUS Photo Anthony Tejero Photo Anthony Tejero Cette année, en raison notamment des intempéries de décembre, les semis et la récolte du riz ont été décalés d’un mois. Le riz parfumé, de type jasmin, est le préféré des Calédoniens. Page 8 - Le Gratuit Nord - N l 669 - Du 28 mai au 3 juin 2021
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