Le Gratuit Nord 663
ACTUS Quand le gouvernement, qui a adopté le plan d’urgence en janvier, a-t-il été informé du risque ? Ce n’est pas le gouvernement mais plutôt une prise de re- sponsabilité des administra- teurs de la Caisse locale de retraite (CLR). J’ai proposé un travail de concertation avec la directrice de la CLR, parallèle- ment au travail réalisé par la Chambre territoriale des comptes (CTC). Le 30 octobre, ce plan d’urgence a été voté à la quasi-unanimité par les membres du conseil d’admin- istration. Le gouvernement a suivi. Il a certes pris ses responsabil- ités, mais ce n’est pas lui qui OȇD LQVXɞ« 3RXU UHOHYHU FH G«ȴ j’ai eu la chance d’avoir à mes côtés la directrice de la Caisse (depuis 2018, NDLR), Betty Audié, qui a été la directrice GHV DDLUHV EXGJ«WDLUHV GH OD Calédonie. C’est grâce à elle que tout cela a pu être fait. Ce plan rétablirait à très court terme la Caisse. Si le Congrès prend ses respons- abilités, la Caisse est sauvée. Qu’attendent les élus du Congrès pour voter ce texte ? Le texte va être examiné en commission cette semaine. J’es- père une inscription en séance publique prochainement. Si ce texte est voté, il n’as- surera qu’un ou deux ans de visibilité, difficile d’engager en attendant des réformes de fond… Le travail de la directrice de la CLR, puis surtout l’intervention du haut-commissaire, Laurent 3U«YRVW RQW SHUPLV OH UDSDWULH - ment de 2 milliards de francs inscrits en section d’ inves- tissement dans la section de fonctionnement. C’est grâce à son appui que nous avons obtenu une déro- gation de la Direction générale des finances publiques pour réaliser cette opération. Cette somme pourra donc ser- vir en trésorerie à la Caisse. Cela veut dire qu’entre le plan d’urgence qui générera 1,6 mil- liard de recettes sur une année pleine et ces 2 milliards, nous avons une visibilité de quatre ans. Il va falloir ensuite mettre en œuvre des réformes sur le moyen et sur le long terme. C’est une recommandation de la CTC. Mais ce document qu’est le rapport d’observa- WLRQV G«ȴQLWLYHV HVW XQH EDVH de travail complète sur laquelle la Caisse va pouvoir s’appuyer. Celle-ci préconise notam- ment un départ à la retraite à 62 ans, contre 60 actuelle- ment. Est-ce cela dont vous parlez ? Je vous rappelle tout de même qu’un fonctionnaire peut partir à 65 ans s’il le souhaite. Même si des réformes s’imposent à coup sûr à l’avenir, il ne faut pas prendre le problème de la CLR comme un problème isolé. C’est ce que j’essaie de défendre. Il faut générer de la donnée locale (âge de départ à la retraite, espérance de vie…). On est en train de le réaliser grâce au travail que mène l’Is- ee. Il faut que ces réformes soient ensuite acceptées de tous. Nous allons échelonner les préconisations de la CTC. En mesurant les impacts. C’est XQ WUDYDLO G«OLFDW 3DUIRLV OHV mesures contraignantes peu- vent inciter les fonctionnaires à prendre leur retraite. I l faudra peut-être mettre en place des mesures transi- toires. Elles seront discutées en réunion technique. Mais j’essaie d’intégrer ce travail ef- fectué sur la CLR à une prob- lématique plus générale, celle de la fonction publique. Je suis convaincu que les problèmes que soulève la CLR doivent se régler de façon systémique. C’est-à-dire qu’on doit agir sur plusieurs volets, comme les dis- positifs d’intégration des con- tractuels à la fonction publique. On a 10 000 fonctionnaires et 13 000 contractuels. C’est une balance qu’il faut rééquilibrer. Vous pensez qu’il faut revoir tout le système de la fonc- tion publique en Calédonie ? Oui, il faut tout revoir dès les modalités de recrutement. Or- ganiser des concours à tout-va coûte énormément d’argent. 3DU H[HPSOH ORUVTXH YRXV DYH] une personne qui veut être in- ȴUPLªUH (OOH SDVVH OH FRQFRXUV d’entrée puis fait trois ans de formation, obtient son diplôme. (OOH SHXW ¬WUH LQȴUPLªUH 0DLV pour entrer dans la fonction publique, elle doit à nouveau passer un concours… 2Q FRPSOH[LȴH OD FKD°QH SRXU rien. Si les modalités de re- crutement étaient revues pour optimiser la procédure, nous aurions moins de problèmes ! 3RXUTXRL GDQV FH FDV SU«FLV ne pas faire le recrutement à la source en lien avec l’Institut de formation des professions VDQLWDLUHV HW VRFLDOHV Ζ)366 TXL discuterait avec les hôpitaux. On gagnerait un temps fou. Et on formerait le nombre de personnes qui correspond à un vrai besoin. On ne se retrouverait pas avec un stock de fonctionnaires que l’on n’a pas intégré. Et qui pourtant ont été demandés par les employeurs. Il faut amélior- er la qualité de vie au travail des fonctionnaires. Les gens seront plus heureux de travail- ler, donneront du sens à leurs actions et iront jusqu’au bout. On a le problème des longues maladies. Il faut tout revoir. Il faut créer un cercle vertueux. Là, on a un cercle vicieux. On travaille également sur une procédure de départ négocié. Quand vous n’êtes pas heureux au travail, cela ne vous permet SOXV Gȇ¬WUH SHUIRUPDQW 3RXU ces personnes-là, le départ négocié est une solution. On pourrait même accom- pagner ces personnes vers leur nouvelle vie. C’est du gag- nant-gagnant. La personne sera épanouie, elle va apporter de la valeur ajoutée dans l’écon- omie et elle libère une place pour quelqu’un qui a envie. Le texte est au Congrès. Finalement, depuis 20 ans, peu de choses ont été faites. N’y a-t-il pas eu un manque de courage politique ? Si je vous dis que non, vous DOOH] PH GLUH TXH MH IDLV GH OD langue de bois. Évidemment, mais on ne va pas regarder dans le rétroviseur. Mais j’es- time que c’est partiellement vrai. Il y a eu des mesures courageuses prises par les prédécesseurs. Depuis les an- nées 2000, un certain nombre de dispositions ont été prises. Comme l’indexation de l’assi- ette de cotisation, la réduction GH ERQLȴFDWLRQ Gȇ¤JH HW GH VHU - vice, la diminution du taux de l’indemnité de résidence et les abattements provisoires pour les départs avant 60 ans… Les retraités ont donc déjà subi un taux de minoration de pen- sion. Ce manque de courage politique est donc à nuancer. Ces mesures sont-elles été suf- ȴVDQWHV " 1RQ 0DLV RQ DXUDLW pu se retrouver avec une situa- tion encore plus dégradée sans celles-ci. On a évité la casse, VDQV DYRLU VRUWL OD &/5 GȇDDLUH La CTC déplore le fait de n’avoir aucunes statistiques disponibles relatives aux évolutions de la trésorerie et du portefeuille de place- ments ? La CTC l’évoque et les adminis- trateurs ont réagi. Au sein du conseil d’administration j’ai été interpellé sur ce manque. Je me suis engagé à prendre contact avec la Caisse des dépôts pour avoir des informations sur tout cela. Pour le président de la Caisse, également en charge de la fonction publique au gouvernement, les réformes pour la survie du système devront être accompagnées d’une remise à plat de la fonction publique. ENTRETIEN AVEC VAIMUA MULIAVA © J.-F.G. Vaimua Muliava voit le rapport de la CTC comme une base de travail. président du conseil d’administration de la CLR 3URSRV UHFXHLOOLV par Jean-Frédéric Gallo Page 8 - Le Gratuit Nord - N l 663 - Du 16 au 22 avril 2021
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