Le Gratuit Nord 659

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est la Covid-19 ? Le virus s’appelle SARS-CoV 2 qui donne la maladie Covid-19. C’est un virus à ARN de la fa- mille des coronavirus, une fa- mille de virus connue depuis longtemps, à la fois chez les hommes et chez les animaux. Avec le SARS-CoV 2, il y a sept coronavirus qui sont respons- ables de maladie chez l’homme. Au départ, quatre donnaient des maladies respiratoires bénignes. Il y a eu trois émer- gences épidémiques, le SARS- CoV en 2002-2004, MERS-CoV en 2012 et le SARS-CoV-2 en 2019. Ces trois coronavirus ont une origine animale et ,à un moment donné, ils sont passés chez l’homme, ce que l’on appelle le franchissement de la barrière d’espèces en pro- YRTXDQW GHV D΍HFWLRQV UHVSLUD - toires aiguës. Quelles sont les spécificités de ces virus ? Ce sont des virus à ARN. Ce qui VLJQLȴH TXH OHXU J«QRPH QȇHVW constitué que d’un seul brin, contrairement à l’ADN qui en comporte deux. Quelles sont les consé- quences de cette particu- larité ? Le fait de n’avoir qu’un brin d’ARN joue au moment de la réplication du virus. Ces virus ne disposent pas de systèmes de correction de cette réplica- tion. C’est ce qui explique la survenue de mutations aléa- toires qui peuvent générer des variants. Certaines mutations sont sélectionnées car elles confèrent un avantage au vi- rus. A contrario, si elles sont délétères, elles ne seront pas conservées par le virus. Ces variants sont apparus dès le début de l’épidémie. Comment identifie-t-on ces variants ? 3RXU LGHQWLȴHU FHV YDULDQWV RQ séquence le génome du virus et on regarde s’il y a une muta- tion. Cela a été possible dès jan- vier 2020 quand les premières séquences du génome ont été mises à la disposition de la FRPPXQDXW« VFLHQWLȴTXH &H qui a permis de retracer l’his- toire évolutive du SRAS-COV. Pourquoi parle-t-on tant, depuis quelques semaines, de s va r i an t s ang l a i s , sud-africain et brésilien ? Ils sont présents depuis le début de l’épidémie. Plus le virus circule, plus il se répli- que,plus la probabi l ité de voir des variants apparaître augmente. Ces variants, dits “ britannique, sud-africain et brésilien ”, sont apparus en juillet-août 2020 et ont la par- WLFXODULW« GH PRGLȴHU OH SURȴO de l’épidémie dans les pays concernés. Quelles sont leurs caracté- ristiques ? On sait que le variant anglais est plus transmissible, à hau- teur de 50 %, ce qui entraîne une hausse du nombre de personne infectées et un ris- que de saturation du système médical. On sait aussi, depuis récemment, que la létalité du variant anglais semble plus im- portante. Les vaccins sont-ils effi- caces contre le variant an- glais ? &ȇ«WDLW HQ H΍HW OD JUDQGH TXHV - tion. Ce qui est très encoura- JHDQW FȇHVW TXH OȇHɝFDFLW« GX vaccin Pfizer, dont nous dis- posons en Calédonie, est qua- siment identique sur le vari- ant anglais que sur la souche originale. Ces données sont rapportées non plus unique- ment sur des données de lab- oratoires mais également sur des campagnes de vaccination GDQV GL΍«UHQWV SD\V Comment agit ce vaccin ? C’est un vaccin à ARN messag- er. L’ARNmessager va pénétrer dans les cellules grâce à un transporteur de lipides mais pas dans leur noyau. Il va alors produire la protéine Spike et la sécréter qui va être reconnue par le système immunitaire qui va alors enclencher les défens- es de l’organisme. L’ARN messager reste-t-il dans l’organisme ? Non, car cet ARN messager est très fragile, il va être dégradé par les enzymes cellulaires. Pourquoi a-t-on besoin de deux injections à vingt et un jours d’écart ? On sait aujourd’hui que l’on a déjà une très bonne protection dans les semaines suivant la première injection, à hauteur de 87 % . La seconde injection va permettre de renforcer cette réponse et de booster le système immunitaire. Le délai dans l’administration des deux doses est de 21 jours. Quelle est l’efficacité du vaccin Pfizer ? Une étude israélienne récente, qui porte sur un million de per- sonnes, montre que le schéma ¢ GHX[ GRVHV HVW HɝFDFH ¢ contre les cas symptoma- tiques et les formes graves de Covid-19. Une fois vacciné, peut-on encore transmettre la Co- vid-19 ? On sait que la vaccination protège contre les formes sévères. Des nouvelles récentes VXJJªUHQW TXH OH YDFFLQ 3ȴ]HU réduirait le risque de formes peu symptomatique voire as- ymptomatiques ; ce sont de bonnes nouvelles. Pour autant, à ce stade, il faut continuer à appliquer les gestes barrières et le port du masques même une fois vacciné. Ce qui compte, c’est protéger les populations à risque. Quelle est la durée de la protection conférée par le vaccin ? Nous avons un recul sur l’évo- lution de l ’ immunité et du niveau de protection chez les personnes ayant participé aux essais vaccinaux. On sait que sept à huit mois après, les per- sonnes vaccinées avec deux injections présentent toujours des anticorps. Ce vaccin est-il appelé à être saisonnier comme celui contre la grippe ? À ce stade, on ne le sait pas en- core. C’est un point très import- ant. Cela dépendra de l’évolu- tion de l’épidémie au niveau mondial, du niveau d’immunité des populations et de l’évolu- tion du virus. En quoi le vaccin va-t-il ai- der à enrayer l’épidémie ? Plus il y aura de personnes im- munisées, soit naturellement, soit via le vaccin, moins le virus circulera, moins il va se répli- quer, moins il sera transmis, ce qui permettra à la transmission de s’estomper. Quel rôle joue le confine- ment dans cette stratégie ? /H FRQȴQHPHQW HVW O¢ SRXU MXJ - uler l’épidémie en limitant la propagation du virus entre les personnes et donc rompre la chaîne de transmission. Vous semble-t-il pertinent d’envisager une prolonga- tion du confinement afin que les premiers vaccins soient pleinement efficaces ? La réduction de la transmission du virus est l’élément clé. De nombreux Calédoniens sont atteints de maladies chro- niques qui représentent autant de facteurs de comorbidité. La population calédonienne est- elle particulièrement exposée ? Ce qui compte, c’est protéger les populations à risque pour éviter les formes sévères chez les personnes âgées ou présen- tant des comorbidités et donc l’engorgement des services médicaux. Ces maladies chroniques touchent en Calédonie des gens bien plus jeunes qu’en Métropole, par exemple. Pourrait-il en être de même pour la Covid ? Oui , on pourrait avoir des jeunes gens avec des facteurs de risque qui développent des formes graves. D’où la néces- sité de vacciner ces personnes et de respecter toutes les me- sures de protection. Sur quel aspect de la Co- vid-19 l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie tra- vaille-t-il ? Nous avons réactivé, avec la Dass et le CHT, le projet Epi- Covid qui s’intéresse à la trans- mission entre un cas index et les cas contacts. Une étude qui est menée en collabora- tion avec les Instituts Pasteur de Guyane et de Guadeloupe. ZOOM Variants, vaccin, immunité : la chercheuse fait le point des connaissances acquises au cours de cette année d’épidémie. Des enseignements qu’elle met en perspective avec les spécificités de la population calédonienne au sein de laquelle les malades chroniques sont très nombreux. ENTRETIEN AVEC Myrielle Dupont-Rouzeyrol, virologue à l’Institut Pasteur NC Propos recueillis par Marion Courtassol L’efficacité du vaccin Pfizer est quasiment identique sur le variant anglais. Page 4 - Le Gratuit Nord - N l 659 - Du 19 au 25 mars 2021

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