Le Gratuit Nord 625

« Quand je vois ce mât, je ne débarque pas ! » La campagne de sensi- bilisation à la protection des sternes néréis sur les îlots du Nord est en cours. La saison de reproduction de cet oiseau marin rare et endémique a débuté à la mi-mai et les gardes nature du Nord sont sur le pont pour assurer sa tranquillité dans cette péri- ode cruciale pour sa survie. De vulnérable, il est en passe d’être classé en danger d’ex- tinction par l’Union interna- tionale pour la conservation de la nature IUCN). La province a repris, pour la troisième année consécutive, ses missions de surveillance, de protection et de suivi des colonies. L’activité humaine étant la principale cause d’échec de la reproduction des sternes néréis, ce sont donc princi- palement les pêcheurs et les plaisanciers qui sont con- cernés par cette campagne. De s mâ t s s i gna l an t l a présence de colonies ont été érigés sur plusieurs îlots, ainsi TXH GHV ȴOHWV GH SURWHFWLRQ autour des nids. « La sterne néréis est un oiseau très sen- sible au dérangement, il ne niche que lorsqu’il est sûr d’être tranquille et peut très bien abandonner son nid, voire ses œufs s’il est dérangé et se sent en danger, indique Jean-Jérôme Cassan, coordon- nateur de l’opération pour la province Nord. » Concrètement, si un drapeau rouge est hissé, il est interdit d’accoster. Evidemment, les chiens ne sont pas les bien- YHQXV VXU OHV °ORWV HW OHV ȴOHWV de protection ne doivent pas être franchis. En dehors des humains et des chiens, seuls les rats représentent un dan- ger pour eux. Mais les cam- pagnes de dératisation des îlots semblent avoir porté leurs fruits. L’Effort des usagers du lagon salué « Il y a assez d’îlots dans le lagon pour partager intel- ligemment l’espace avec la nature . », insiste Jean-Jérôme Cassan. Les gardes nature travaillent en collaboration DYHF OHV VFLHQWLȴTXHV GH OȇΖQ - stitut de recherche pour le développement (IRD) et des bénévoles des associations de protection de l’environne- ment (Société calédonienne d’ornithologie et Nîxûmwâk environnement). Au 22 juin, les gardes nature avaient recensé « 190 stern- es adultes dont 49 couveurs actifs répartis en quatre col- onies majeures sur cinq îlots. 31 couveurs ont échoué dans leur reproduction. » En 2018, le taux de reproduction des néréis n’était que de 20 %. Il est monté à 41 % la saison passée. Grâce aux efforts des usa- gers et à de bonnes condi- tions climatiques. Mais le spé- FLDOLVWH QH VȇHQȵDPPH SDV « Même si le taux continue d’augmenter, il faudra plu- VLHXUV DQQ«HV GȇH΍RUWV HW GH progression pour considérer que l’espèce est sauvée. Pour l’instant nous ne disposons SDV GH VXɝVDPPHQW GH UHFXO pour crier victoire . » « Les gens de Koumac et de Kaala-Gomen ont une énorme responsabilité sur la survie de cette espèce, con- clut Jean-Jérôme Cassan . Tout le monde est un peu garde de la nature . » L e mercure s’accumule dans l’eau (industries, mines, volcans…) et « se concentre fortement le long de la chaîne alimentaire », rappelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’ali- mentation (Anses). La substance présente des ef- fets toxiques pour le dévelop- pement du système nerveux. Les fœtus et les jeunes en- fants y sont « particulière- ment sensibles ». L’Anses a analysé près de 500 échantillons. Elle répartit les poissons ma- rins en cinq catégories. Les poissons du lagon sont « très faiblement contam- inés ». Les thons blancs et jaunes sont « modérément » touchés, ainsi que les mahi mahi, les vivaneaux et les wahoos. Les deux dernières c a t é go r i e s , c e l l e s de s pélagiques « grands préda- teurs } DɝFKHQW GHV WDX[ GH mercure carrément spectac- ulaires. Marlins rayés, thons obèses et saumons des dieux sont « fortement contaminés ». Les makos, les espadons et surtout les marlins bleus et noirs sont « très fortement contaminés ». Les poissons apportent des nutriments nécessaires pour la santé, comme les acides gras po- ly-insaturés, rappelle l’Anses. /HV E«Q«ȴFHV GX V«O«QLXP VXU le système nerveux sont eux aussi « établis ». Mais quelle que soit leur teneur, « la con- sommation de poissons forte- ment contaminés en mercure ne peut être recommandée », assène l’Anses, qui invite à consommer des coquillages de mer, riches en sélénium. La Direction des affaires sanitaires et sociales (Dass) a émis en 2011 des recom- mandations de consomma- tion. Elle se base sur une dose hebdomadaire tolérable de 1,6 microgramme de méth- ylmercure (par kilo de poids corporel) pour les enfants et les femmes enceintes, et une dose de 3,3 microgrammes pour les adultes. Ces normes sont toujours en vigueur à l’Organisation mondiale de la santé, mais l’Autorité eu- ropéenne de sécurité des al- iments (Efsa) a été convain- cue par une « réétude » des données. Depuis 2012, elle s’en tient ¢ XQH GRVH SOXV VWULFWH microgramme pour tous. L’Anses présente donc ses propres conseils de con- sommation, fondés sur cette dose tolérable restreinte (1,3 microgramme par semaine) et sur les spectaculaires rele- vés de mercure. Ce qui pro- duit des tableaux à l’allure franchement... rouge. Pour rappel, la Dass con- sidère aujourd’hui qu’un adulte de 80 kg peut man- ger « sans danger » chaque semaine une portion de thon bachi, deux de wahoo, trois de thon blanc et du poisson du lagon sans restriction. Les FRQVHLOV GH Oȇ$QVHV VRQW LQȴQ - LPHQW SOXV V«YªUHV XQH SRU - tion de thon obèse et une de dawa font basculer le man- geur dans la case rouge. L’Anses suggère « OD ȴ[DWLRQ d’un seuil maximum de con- tamination », soit le retrait du commerce des poissons les plus dangereux. ZOOM LA POPULATION RESPONSABLE MERCURE DANS LE POISSON PÉLAGIQUE : dans la survie des sternes un rapport inquiétant La sterne néréis, endémique et classée vulnérable, est en pleine nidification sur les îlots de Koumac et de Kaala-Gomen. La province a lancé une campagne pour interdire l’accès à certains îlots, pour protéger l’espèce de la disparition. L’association Ensemble pour la planète (EPLP) a dévoilé un rapport sur la teneur en mercure des poissons pélagiques. Réalisé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) à la demande du gouvernement, ce document est daté de décembre 2019. Page 8 - Le Gratuit Nord - N l 625 - Du 17 au 23 juillet 2020