Le Gratuit Nord 620

Les Nouvelles calédoni- ennes : Le calendrier - ouverture du centre début 2022 - et le coût - 3,9 mil- liards de francs -, initiale- ment présentés, seront-ils respectés ? Le projet de construction du centre de détention de Koné est tout d’abord un acte fort de l’État en matière de sécu- rité. Puisqu’il s’agit de mettre en place un outil de préven- tion de la récidive. Outre les répercussions économiques notables dans la région, ce projet traduit une collabo- ration réussie entre l’État et la province Nord. C’est un projet de grande dimension, complexe, sur un terrain de six hectares, avec une ca- pacité de 120 places, et une centaine de personnels. Le calendrier prévoyait et prévoit toujours une ouver- ture début 2022. C’est une très grosse opération. Une opération avec des choix, notamment celui de con- struire une structure éco- responsable. En outre, sont requis des équipements de V½UHW« HW GH V«FXULW« ȴDEOHV mais onéreux. Autre impact, le recours à des entreprises locales pour l’ensemble du chant- ier. L’engagement est tenu. Terrassement, gros œuvre, espaces verts, VRD... Une trentaine d’entreprises, toutes locales donc, vont intervenir sur ce chantier de deux ans. Le budget a été dépassé, et atteint 6,4 mil- liards de francs. C’est sans doute le prix de la sécurité et de la qualité de la struc- ture. 3OXV GH PLOOLDUGV OH ȴ - QDQFHPHQW HVW LO PRGLȴ« " Non. Nous sommes sur un chantier dit loi MOP pour « maîtrise d’ouvrage pub- OLTXH } GRQF ¢ ȴQDQFHPHQW de l’État, via le ministère de la Justice, la direction de l’administration pénitenti- aire et la mission de service pénitentiaire de l’outre-mer, avec une maîtrise d’ouvrage déléguée à la direction de l’Aviation civile. L’architecture « tient compte d’une dynamique de réinsertion ». C’est-à- dire ? Le centre de détention de Koné est orienté vers la préparation à la sortie et la prévention de la récidive. L’architecture va permettre la mise en place de régimes de détention diversifiés ainsi que différents types d’accompagnement. Elle va répondre aux standards internationaux de vie en détention. Il ne s’agit pas de parler de confort du détenu, mais bien d’assurer les con- ditions d’hygiène, de sécu- rité, et de dignité, c’est une base. Si nous ne les avons pas, nous ne pouvons pas travailler sur le reste. L’archi- tecture, océanienne, intègre des éléments culturels, c’est essentiel par rapport au public accueilli. 4XHO VHUD OH SURȴO GX G« - tenu pouvant être accepté à Koné ? Un « centre de détention » sera établi à Koné. Ce qui signifie que cet établisse- ment pénitentiaire ne recev- ra que des condamnés, que des personnes qui ont déjà été jugées, qui sont con- GDPQ«HV G«ȴQLWLYHPHQW ¢ une peine supérieure à deux ans, et qui présentent un profil de réinsertion favo- rable. Ce centre de déten- tion ne recevra pas de femmes, pas de mineurs, et pas de personnes détenues qui sont en attente de con- damnation. Cette disposi- tion précise l’objectif. Les condamnés travailleront à la préparation à la sortie. Nous aurons alors une échéance, un horizon. Si les dispositifs de préparation à la sortie bénéficient au détenu et à sa famille, il ne faut pas perdre de vue qu’une sortie U«XVVLH VLJQLȴH XQH EDLVVH de la récidive et donc de la G«OLQTXDQFH FH TXL SURȴWH ¢ l’ensemble des Calédoniens. Comment pourriez-vous décrire le module « re- spect » prévu dans le Nord ? Né en Espagne, le pro- gramme « respecto » a été intégré, comme une source d’inspiration, dans les étab- lissements pénitentiaires français à partir de 2015. Sur demande, le détenu prend l’engagement de respecter le règlement intérieur mais également un certain nom- bre de conditions, de par- ticiper à 25 heures d’activi- té par semaine, de s’inclure dans un dispositif de prépa- ration à la sortie. Ce qui per- met de voir si la personne est en train d’évoluer. Cette évolution du détenu ne se fait pas de façon linéaire. La personne est suivie, ac- compagnée, mais elle est responsable de son projet. L’important, et particulière- ment en Nouvelle-Calédonie je pense, est de construire le parcours d’exécution de peine avec des éléments culturels, sociaux... Un groupe de travail, composé de représentants du service pénitentiaire d’insertion et de probation, et des insti- tutions de la province Nord, mais aussi d’acteurs du sec- teur économique et du tissu associatif, des coutumiers..., HVW PLV HQ SODFH SRXU G«ȴQLU les priorités au niveau du contenu. Quelles idées émergent ? Nous parlons de la forma- tion professionnelle, du maraîchage, de l’élevage, mais il n’y a pas que cela. Il y a l’accompagnement, l’accès aux droits. En outre, au cœur de nos préoccupa- tions, se place la lutte contre les addictions, contre les vio- lences sexuelles, familiales, et la violence routière. Tous ces éléments-là doivent être imbriqués, et doivent con- stituer le volet « insertion » de cet établissement. La crise Covid-19 a-t-elle perturbé le processus de recrutement local des sur- veillants pénitentiaires ? Parmi la centaine de per- sonnels du centre de déten- tion, nous compterons 74 postes de surveillant. Nous allons ouvrir un concours spécifique pour la Nou- velle-Calédonie, avec les mêmes épreuves que le concours national organisé à Paris ou à Bordeaux. Une GL΍«UHQFH OHV ODXU«DWV DX - ront la certitude d’être af- fectés en Nouvelle-Calédo- nie, à condition d’avoir suivi et validé la formation, simi- laire à celle destinée aux autres élèves surveillants, à l’École nationale de l’ad- ministration pénitentiaire à Agen, en Métropole. La pandémie est passée par là, l’École a dû fermer. Raison- nablement, nous pouvons envisager le concours début 2021. La formation est prévue sur six mois pour les personnels de surveillance. L’établissement de Koné va ouvrir début 2022. Nous avons donc une marge. C’est rassurant. BIO EXPRESS Juriste de formation, di- rectrice des services péni- tentiaires, Nathalie Bois- sou-Comtois a exercé en administration centrale, en direction interrégionale et plus précisément à la Mis- sion des services péniten- tiaires de l’outre-mer en tant que responsable de la zone Antilles-Guyane ou bien encore chef de dépar- tement Sécurité et déten- tion. Plus récemment, le poste de responsable des relations internationales au sein du cabinet de la Di- rection de l’administration S«QLWHQWLDLUH OXL D «W« FRQȴ« puis celui de coordinatrice adjointe du programme européen de coopération avec l’Amérique latine dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée. Na- thalie Boissou-Comtois a également travaillé en tant que directrice adjointe de la maison d’arrêt de Majicavo à Mayotte, sur l’ouverture du nouveau centre pénitenti- aire. Une responsabilité qui se rapproche de sa fonction sur le terrain de Koné. ZOOM «UN CENTRE DE DÉTENTION qui œuvrera contre la récidive» « Les études en France et en Europe montrent que la préparation à la sortie et une sortie accompagnée, via un aménagement de peine, ont de meilleurs résultats qu’une “sortie sèche” », dit Nathalie Boissou-Comtois. Les travaux ont démarré sur le terrain du futur établissement dont le coût de construction a grimpé. Entretien avec Nathalie Boissou-Comtois, cheffe de projet du centre de détention de Koné. Page 10 - Le Gratuit Nord - N l 620 - Du 12 au 18 juin 2020

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