Le Gratuit Nord 608

L es retours en arrière ne sont pas tous rétro- grades. C’est ce que sont venues constater des déléga- tions de Polynésie française, de Wallis-et-Futuna, de Fidji et du Caillou sur une exploita- tion haut perchée de La Cou- velée, à Dumbéa. L’une des rares propriétés du pays à avoir misé sur l’agroforeste- rie. Derrière cette appella- tion en vogue, se cache un principe des plus simples : redonner sa place à l’arbre et à la biodiversité dans le pay- sage agricole. « Les systèmes traditionnels océaniens, avec les champs, sont déjà très proches de ce type de pro- duction, explique Clément Gandet, coordinateur agri- culture et forêt à Protege, (Projet régional océanien des territoires pour la gestion du- rable des écosystèmes) qui mène des ateliers techniques toute cette semaine (lire par ailleurs). L’idée, c’est de rem- placer la monoculture en op- timisant au maximum sur une parcelle la diversité des plantes cultivées sur toutes les strates, du maraîchage jusqu’aux arbres. » Moins d’intrants Un modèle encore très con- fidentiel dans l’agriculture marchande calédonienne, qui commence néanmoins à es- saimer sur le Caillou. « Notre objectif, c’est d’avoir une ag- riculture capable d’encaisser les changements climatiques, de préserver la biodiversité tout en étant capable de pro- duire avec une méthode qui nécessite moins d’intrants, poursuit Clément Gandet . On souhaite donc voir com- ment dupliquer ce modèle et mettre en place des dis- positifs d’accompagnement. Mais se pose le problème des financements. Il existe des fonds à l’échelle mondiale sauf que lorsqu’on plante des arbres en vue de développer l’agriculture, les rendements sont moins rapides. » Et ce n’est pas Mickael Sansoni qui le contredira. Cet ancien salarié de l’industrie pharma- ceutique qui a tout plaqué à Paris pour lancer en 2017 VRQ H[SORLWDWLRQ DX ȴQ IRQG de Dumbéa, ne regrette rien. « L’agroforesterie est une réponse aux problèmes exi- stentiels actuels de l’homme, estime ce producteur qui ne voit que des avantages à ce modèle. Qu’il liste volontiers : « Les arbres absorbent mieux l’eau dans l’atmosphère et la gardent. Quand je taille mes arbres, cela sert d’engrais na- turel. Pour commencer, j’ai encore besoin de quelques intrants, mais au bout de dix ans, mes champs seront com- SOªWHPHQW DXWRQRPHV (QȴQ comme il y a plusieurs strates GH Y«J«WDWLRQ FHOD ȴOWUH OHV rayons du soleil et fait baisser la température. Cela a com- PH XQ H΍HW GH FOLPDWLVHXU » Pour l’instant, Mickael San- soni, qui cultive près de 70 HVSªFHV GL΍«UHQWHV SDUYLHQW à payer deux salariés et à se dégager 40 000 francs de revenus par mois. « Avec ce modèle, les rendements sont progressifs. Par exemple, pour cultiver deux avocatiers, il faut planter 27 arbres. Avec la sécheresse cette année, c’était dur, mais cela aurait été pire si j’avais été sur un sol nu. » ZOOM Des délégations du Pacifique Sud ont visité, dernièrement, l’une des premières exploitations du pays à miser sur l’agroforesterie. Un modèle qui redonne leur place aux arbres et à la biodiversité sur les parcelles. L’AGROFORESTERIE : un retour aux sources Mickaël Sansoni cultive plus de 70 espèces selon le modèle de l’agro- foresterie à La Couvelée, à Dumbéa. © Anthony Tejero Page 4 - Le Gratuit Nord -N l 608 - Du 20 au 26 mars 2020

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