Le Gratuit Nord 606

I l n’y a pas que les enfants qui ont fait leur rentrée. C’est aussi le cas des dix- sept stagiaires de l’Ecole de la réussite, inscrits dans les parcours « Réussir » et « Air Formation » qui sont détermi- nés à atteindre leurs objectifs. Soutenue par la province Sud, l’association l’Ecole de la réus- site accompagne les stagiaires dans leur insertion sociale et professionnelle par le biais de parcours individualisés. « La mission première de l’école est d’insérer et accompagner de jeunes Calédoniens qui n’ont pas réussi à s’insérer après l’école. Nous voulons leur donner toutes les clés pour réussir, être autonomes et trouver leur utilité pour être heureux et se faire une place dans le tissu économique calédonien », indique Nathalie Tirebaque, directrice de l’Ecole de la réussite. Dans cette optique, cinq parcours sont proposés. Tout d’abord, la « Remise à niveau » qui s’adresse aux personnes de plus de 18 ans. D’une période de vingt et une semaines, elle permet aux stagiaires de préparer les concours de catégories B et C, ou l’entrée au Centre de formation des apprentis (CFA). Autre accompagnement proposé, « La préparation à la bourse de Nouvelle-Zélande », qui aide les Calédoniens âgés de plus de 18 ans à l’obtention GH FHWWH ERXUVH TXL OHXU R΍UL - ra la possibilité de suivre une formation technique et pro- fessionnelle chez nos voisins. Guider ceux qui veulent s’en sortir A la liste s’ajoutent un accom- pagnement intensif réservé aux demandeurs d’emploi en situation d’illettrisme d’une durée de sept mois nommé « Trempo-ligne », et le par- cours « Réussir ». Ce dernier est le dispositif phare de l’Ecole de la réus- site. Dix nouveaux stagiaires ont mis le pied à l’étrier pour cette promotion. Il inclut des VWDJHV HQ HQWUHSULVHV HW R΍UH un taux d’insertion profes- sionnelle qui s’élève à 74 %. Pour arriver à cela, des forma- teurs les aident. « On va leur donner tout ce qu’il faut pour être à l’aise en entreprise. Il faut que le résultat soit ga- gnant-gagnant. Que les jeunes sachent exactement ce qu’ils veulent en entreprise, et que l’employeur soit sûr de trouver une personne sur qui il peut compter », explique Nathalie Tirebaque. D’une durée de 9 mois, cette formation « Réussir » est ou- vert à tous mais reçoit princi- palement des étudiants âgés de 18 à 35 ans dont plus de 85 % de femmes. La prochaine promotion du dispositif « Réussir » fera sa rentrée le 16 mars. En tout, sept promotions sont prévues cette année. Quel est le profil des per- sonnes qui vous sollicitent pour créer des entreprises ? Déjà, ce que l’on peut dire de ces personnes, c’est qu’elles sont nombreuses. Il n’y a pas YUDLPHQW GH SURȴO W\SH FDU OȇHV - prit d’entreprise est très parta- gé en Nouvelle-Calédonie. Il y a un esprit « pionnier » qui existe et qui n’est pas incarné par une communauté ni un genre par- ticulier. Nous avons de plus en plus dans nos quartiers et nos tri- bus des velléités de créer des activités qui parfois préexistent, mais sans statut. Quels sont les obstacles à la création d’entreprises qui pourraient décourager cer- tains porteurs de projets de se lancer dans l’aventure ? Le premier frein est l’accès aux services. L’Adie a une ac- tion pays, mais pour autant, on n’a pas un service de proximi- W« TXL U«SRQG VXɝVDPPHQW ¢ l’ensemble de la demande. Là où se trouve cette demande, dans les tribus par exemple, la problématique est comment accéder aux dispositifs d’ac- compagnement lorsque l’on est confronté à un problème de mobilité qui peut être très pénalisant. Le deuxième obsta- cle est celui de l’accès au capital. On sait que l’accès au capital bancaire est plus compliqué en outre-mer et cela reste le nerf de la guerre. Le troisième est le poids des idées reçues. Celles-ci viennent souvent de l’entourage et reposent essentiellement sur la croyance que pour créer son entreprise, mieux vaut être un homme, mieux vaut être di- plômé, et mieux vaut avoir de l’argent. Lorsque l’on parle de création d’entreprise, on a toujours ten- dance à s’imaginer de grands projets. Est-ce cela aussi une idée reçue ? Je crois qu’il faut maintenant s’éloigner du fantasme de la grande entreprise qui struc- turellement va embaucher la moitié de la Calédonie. Malheu- reusement on a des exemples qui montrent que c’est une idée appartenant au passé. On a be- soin, dans le contexte actuel, d’entrepreneuriat privé. Quand on regarde ce dernier, 90 % des entreprises sont des entre- prises unipersonnelles. Il faut miser sur cet entrepreneuriat, qui est générateur d’emploi, très localisé qui va permettre GH ȴ[HU OHV JHQV Qu’est ce que ce type d’entre- preneuriat peut apporter à la Nouvelle-Calédonie ? L’argent public devient rare, et il faut se demander quel impact a chaque franc versé par la collectivité et se poser la question de l’importance GH OȇH΍HW GH OHYLHU 'H FH SRLQW de vue-là l’entrepreneuriat ne coûte pas cher. Lorsque l’on ac- compagne un porteur de projet pour créer son entreprise, cela coûte moins de 200 000 francs, ce qui est beaucoup plus faible que le coût d’un demandeur d’emploi sur l’année. Je pense qu’il faut aujourd’hui plus que MDPDLV IDLUH FRQȴDQFH ¢ FHW HQ - trepreneuriat dont on a besoin si l’on veut absorber l’ensemble des demandeurs d’emploi. Si on réussit, parce que le contexte nous y pousse, à miser sur ces hommes et sur ces femmes qui ont de petites activités écono- miques, je pense que l’on peut répondre à plusieurs probléma- tiques actuelles sur lesquelles nos décideurs ont travaillé sans forcément obtenir les résultats escomptés. Dans cette école de la deuxième chance, des adultes reprennent le chemin des cours afin de réaliser leurs projets et de s’intégrer dans le tissu économique de la Nouvelle-Calédonie. L’Association pour le développement de l’initiative économique a organisé sa « semaine de l’entrepreneuriat ». Depuis 20 ans, elle accompagne les personnes désireuses de créer leur propre entreprise. Entretien avec Alexandre Rutecki, directeur de l’Adie. EMPLOI REPRENDRE CONFIANCE grâce à l’Ecole de la réussite « On a besoin, d’entrepreneuriat privé » Les promotions du parcours « Réussir » regroupent dix stagiaires sur une durée de neuf mois. « Il faut miser sur cet entre- preneuriat, qui est générateur d’emploi, très localisé qui va SHUPHWWUH GH ȴ[HU OHV JHQV ». © Lucile Courtot © Lucile Courtot Page 20 - Le Gratuit Nord -N l 606 - Du 6 au 12 mars 2020

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