Le Gratuit Nord 605
« C’est la naissance d’un bébé, maintenant, il faut le nourrir pour qu’il grandisse. » Antho- ny Tutugoro, doctorant en sci- ences politiques et vacataire de l’UNC, n’aurait raté ce jour pour rien au monde. Lundi matin, l’antenne de la province Nord de l’Université, à Baco, accueil- lait ses premiers étudiants. Un moment historique. Après la coutume, les élèves ont été regroupés pour la distribution des emplois du temps et pour la présentation des grandes étapes de la sco- larité, à savoir, les périodes d’enseignement, les sessions d’examen et de vacances, puis à 11 heures, les premiers cours ont été donnés. C’est à côté du centre de se- cours de Pouembout-Koné, sur le site du GDPL de Baco, qu’a été implantée l’UNC. Les travaux ont battu leur SOHLQ MXVTXȇHQ ȴQ GH VHPDLQH dernière pour qu’hier les étudi- ants, les professeurs et l’équi- pe technique puissent prendre possession des lieux. Les bâ- WLPHQWV VRQW ȵDPEDQW QHXIV même si les abords restent en- core en terre battue. Les élèves viennent de tout le pays, dont certains des îles Loyauté. « On est un peu loin de la famille, mais on sait qu’on le fait pour la ȴHUW« GH QRV DQFLHQV », souligne une étudiante. Comme pour les rentrées précédentes, les étudi- ants bénéficieront d’un par- cours individualisé. Ils auront un temps horaire consacré aux travaux dirigés et un autre aux travaux pratiques pour opérer une transition en douceur entre le lycée et l’université. « C’est une chance inestimable pour les étudiants du Nord de pouvoir étudier à la maison sans avoir à se déplacer sur Nouméa. Ce matin, j’ai rencon- tré des élèves motivés qui ont bien pris conscience de l’impor- tance de cet outil », se réjouit Anthony Tutugoro. Rééquilibrage par la formation Le campus accueille un amphi- théâtre, des salles d’enseigne- ment, une bibliothèque, des es- paces de convivialité ainsi que des lieux de travail collaboratif, le tout interconnecté au pôle numérique et technologique (PNT) de Nouville afin de fa- YRULVHU OD GLXVLRQ QXP«ULTXH des enseignements et de la FXOWXUH VFLHQWLȴTXH L’accès à l’Université pour tous et à la réussite dans l’enseigne- ment supérieur reste la priorité de l’antenne de Koné, un souci de rééquilibrage par la forma- tion. Le Consortium pour la re- cher che , l ’ ense i gnement supérieur et l’innovation en Nouvelle-Calédonie a mis en place des travaux de recher- che qui sont spécifiquement dédiés au développement de la province Nord. Samuel Gorohouna, maître de conférences en sciences économiques et responsable de l’antenne, est aux anges. « C’est l’aboutissement de plu- sieurs années de travail. Ce projet d’antenne est né en 2013 et c’est avec un peu d’émotion que l’on en voit aujourd’hui la concrétisation. » « Quand on plante en période cyclonique, c’est toujours un coup de poker. Chaque année, c’est le stress. En 2011, mon exploitation a été dévastée par la dépression tropicale Vania. Et en 2017, pour Cook, on était en plein dans sa trajectoire. Après son passage, tout était pelé. II n’y avait plus rien », ra- conte Jean-Christophe Niautou, maraîcher à Farino. C’est pour- quoi, dès 2013, cet agriculteur de Focola se met en quête de serres anticycloniques, puis au ȴO GH VHV UHFKHUFKHV VXU ΖQWHU - net, il ne tarde pas à rencontrer des représentants d’Akuo, une société qui conçoit des struc- tures d’une nouvelle génération : des serres à la fois solaires, ré- sistantes aux vents violents et adaptées aux cultures. Baptisées Agrinergie, elles ont la particu- larité d’être couvertes à 45 % par des panneaux photovoltaïques et à 55 % par des tôles translu- cides qui permettent ainsi de ODLVVHU SDVVHU VXɝVDPPHQW OD lumière pour que les plantes se développent. Après six ans de démarches, la première ferme solaire et maraîchère du Cail- lou sort donc de terre. Depuis avril dernier, ces seize serres réparties sur 22 000 mètres car- rés sont ainsi opérationnelles. « Pendant plusieurs mois, on a été en phase d’expérimenta- tion. On passe donc en phase de production commerciale, se réjouit l’agriculteur . Désormais, je peux produire en toute sécu- rité et toute l’année, ce qui m’a permis de passer de cinq à neuf salariés. Et j’espère atteindre, à terme, une quinzaine d’em- ployés sans compter les saison- niers. J’ai découvert qu’on avait la capacité d’allier deux choses formidables : l’autonomie ali- mentaire et énergétique. » Bientôt dans le nord A pleine puissance, cette cen- trale équipée de 5 568 pan- neaux photovoltaïques pourra fournir 11 à 12 mégawatts par heure, soit l’équivalent de la consommation de 600 foyers. Mais pour mener à bien un tel projet, un partenariat a dû être ȴFHO« /D VRFL«W« $NXR VȇHVW DLQVL rapprochée d’Enercal avec qui elle a fondé la SAS Focola. Le principe est des plus simples : l’agriculteur apporte le foncier, la SAS lui paye un loyer et lui fournit gratuitement les serres solaires pour une période de 25 ans. En échange, la SAS garde entièrement la main sur la ges- tion et la vente de l’électricité. « C’est un échange gagnant-ga- gnant. Là on est sur un projet à 833 millions de francs. Pour des serres anticyclones, sans le volet énergétique, cela m’aurait coûté entre de 300 à 400 millions. Je n’aurais pas pu supporter ces coûts. » Ce modèle de ferme solaire devrait d’ailleurs faire des émules sur le Caillou à en croire Nicolas Cazé, directeur technique d’Enercal Energies Nouvelle : « On a déjà un deux- ième projet situé sur la plaine de Ouaco avec Akuo et Nord Avenir. Avec les dégâts sur les cultures générées par Uesi et par Oma en à peine un an d’intervalle, un tel projet trouvera certainement un écho favorable auprès des producteurs ». ZOOM Les tout nouveaux locaux de l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC), à Baco, ont accueilli leurs premiers étudiants, en début de semaine. Produire de l’énergie ainsi que des fruits et légumes au même endroit : c’est tout l’enjeu des seize serres inaugurées, la semaine dernière, à Farino. A l’origine, le maraîcher Jean-Christophe Niautou voulait se protéger des cyclones afin de cultiver toute l’année. PREMIERS JOURS pour l’université du Nord Première ferme solaire et maraichère A l’entrée de l’UNC, sont disposées des tables et des chaises où peu- vent se regrouper les étudiants. « J’ai déjà pu discuter avec des élèves et ça va, l’ambiance est bonne, on va s’aider », déclare une jeune femme, enthousiaste. Neuf salariés travaillent actuellement dans les serres de Jean-Christo- phe Niautou, qui y produit en agriculture responsable des tomates. © Julien Mazzoni et K.M. © Anthony Tejero Page 10 - Le Gratuit Nord -N l 605 - Du 28 fév. au 05 mars 2020
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