Le Gratuit Nord 602

L ’alternative à la prison, ou bien stage en semi-li- berté, le centre culturel Tjibaou va accueillir des dé- OLQTXDQWV SRXU H΍HFWXHU GHV travaux d’intérêt général, et notamment participer à la ré- fection de plusieurs cases ou apprendre la sculpture tradi- tionnelle. Une série de conventions en ce sens ont été signées, dernièrement, par Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement en charge de la protection judiciaire de la jeu- nesse, et Emmanuel Tjibaou, directeur de l’Agence pour le développement de la culture kanak (ADCK). Cette démarche est inspi- rée de ce qui se pratique en Nouvelle-Zélande où l’on tente de réinsérer les jeunes Maoris délinquants en les replongeant dans leur culture d’origine. Di- dier Poidyaliwane a d’ailleurs conduit une mission chez nos voisins du sud, qui comprenait des magistrats, des avocats, des travailleurs sociaux et des associatifs. Car le constat est là : dans leur grande majorité, les mineurs délinquants sont des enfants ou des adolescents kanak, ne vivant plus en tribu, mais en milieu urbain, soit parce qu’ils ont été priés de s’en aller en raison de leur comportement, soit parce que leurs parents sont allés à la ville. Viennent ensuite les jeunes Océaniens, là aussi vivant en milieu urbain, et en partie dé- crochés de leur milieu coutu- mier et de l’encadrement que constitue la vie traditionnelle. Top 10 Autre caractéristique im- portante signalée par Didier Poidyaliwane, la plupart des mineurs délinquants vivent dans des familles séparées au sein desquelles il ne subsiste qu’un seul parent, souvent la mère. Bref, il s’agit de jeunes en grande partie coupés de leur culture d’origine, perdus et à la dérive dans le milieu urbain. Près de 1 300 mineurs ont été pris en charge, plus ou moins longuement, par la DPJEJ. Ce qui, selon Didier Poidyaliwane, classe la Nouvelle-Calédonie (tout comme la Nouvelle- Zélande) dans le top 10 des pays connaissant les plus forts taux de délinquance juvénile. &RPSWH WHQX GH FHV GL΍«UHQWV paramètres, le centre culturel Jean-Marie-Tjibaou apparaît comme un lieu particulière- ment propice à la réappropria- tion de l’identité océanienne. C’est le seul endroit de forte expression identitaire kanak dans l’espace urbain. Autre avantage, il n’est pas très éloi- gné du Camp-Est et permet d’aménager concrètement des régimes de semi-liberté. « Il est essentiel de se focaliser sur les jeunes de 13 à 18 ans qui sont plus faciles à rattra- per », insiste Didier Poidya- liwane. « Pour eux, le travail d’intérêt général permet tout à la fois de sanctionner l’in- fraction commise, de réparer la faute en faisant œuvre utile, de retrouver l’estime de soi et, pourquoi pas, de susciter des vocations et des possibilités d’insertion sociale. » Se reconstruire par un travail valorisant dans un univers porteur de l’identité océanienne, c’est l’offre qui va être faite aux mineurs délinquants coupés de leurs racines. EMPLOI accueillera de jeunes délinquants LE CENTRE TJIBAOU Cinq conventions ont été signées par Didier Poidyaliwane et Emmanuel Tjibaou. © Cyril Terrien Page 12 - Le Gratuit Nord -N l 602 - Du 07 au 13 février 2020

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